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Des cols blancs récolteront une prime au bilinguisme

  03 septembre 2011

Une nouvelle prime au bilinguisme récompensera les employés de la Ville de Gatineau capables de s'exprimer en français et en anglais. L'organisme Impératif français jette déjà les hauts cris face à cette prime sans pareille dans toute la fonction publique québécoise.

Cette prime de 45 cents l'heure fait partie de l'entente de principe conclue cette semaine entre la Ville de Gatineau et ses cols blancs. La prime est un ajout à la nouvelle convention collective qui doit être ratifiée dans les prochaines semaines.

Pour avoir droit à la prime, les employés dont les compétences linguistiques n'ont pas été reconnues devront se soumettre à un test d'anglais. S'ils échouent l'examen, ils ne pourront toucher la prime. Mais ils conserveront tout de même leur poste, selon les informations obtenues par LeDroit.

Il ne suffira pas à un col blanc de maîtriser l'anglais pour toucher la prime. La Ville de Gatineau fournira au syndicat une liste de postes pour lesquels l'anglais est exigé dans les 60 jours suivant la signature de la convention collective. Le syndicat aura alors la latitude de contester la liste par voie de grief. Une fois approuvées, les primes au bilinguisme seront versées rétroactivement au 1er janvier 2008, date d'échéance de la précédente convention.


La Ville de Gatineau a refusé hier de chiffrer le nombre de postes bilingues au sein de son administration, sous prétexte que la nouvelle convention collective n'est pas encore signée. Le président du syndicat des cols blancs, Marc Demers, n'a pas rappelé LeDroit.

Impératif français « révolté »

Pour Jean-Paul Perreault d'Impératif français, l'ajout d'une prime au bilinguisme est tout à fait inacceptable. « Ça veut dire que la Ville de Gatineau va encore plus loin dans sa démarche d'anglicisation. Elle met tout son poids non pas à faire la promotion de son identité française, mais à s'angliciser. Quand on en est rendu à offrir des primes au bilinguisme dans la quatrième ville du Québec, ça pue. Payer des employés pour angliciser le milieu de travail, c'est tout simplement révoltant. »

Le versement d'une prime au bilinguisme est monnaie courante au sein de la fonction publique fédérale. Les employés du gouvernement canadien reçoivent un montant de 800 $ par année s'ils parviennent à démontrer une maîtrise suffisante des deux langues officielles. La situation est différente au Québec, où le français est la seule langue de travail reconnue. « Dans la fonction publique québécoise, il n'y a aucune prime au bilinguisme », assure Clément Falardeau, porte-parole du secrétariat du Conseil du Trésor, à Québec.

Aux yeux de Jean-Paul Perreault, le seul fait d'exiger la maîtrise de l'anglais pour l'obtention d'un poste est un sacrilège. « En exigeant la connaissance d'une langue qui n'est pas à proprement parler la langue officielle du Québec, la Ville de Gatineau prive des gens du droit de travailler en français », vocifère-t-il.

La loi respectée

Vérification faite, la Charte québécoise de la langue française n'est pas aussi exigeante que M. Perreault.

La loi québécoise autorise une administration publique à exiger la maîtrise de l'anglais pour l'obtention d'un poste, mais à certaines conditions. « Il est interdit d'exiger la maîtrise d'une autre langue si la tâche ne le justifie pas, explique Marc Paquette, porte-parole de l'Office québécois de la langue française. On ne peut pas dire qu'on veut des personnes bilingues juste pour le plaisir d'en avoir, au cas où on aurait quelqu'un, un moment donné, à qui on aurait besoin de parler en anglais. Et quand on exige l'anglais, il faut voir si le parfait bilinguisme est exigé ou seulement une certaine connaissance. »


Source :
Patrick Duquette
Le Droit