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Labeaume n’était pas visé
05 mai 2012
Poursuivi pour diffamation par le maire Labeaume, le président du syndicat des cols blancs, Jean Gagnon, a quitté le palais de justice vendredi soir en s’avouant tout simplement « brûlé » et « fatigué ».
« Là, je suis fatigué, j’ai juste hâte d’aller me reposer », a-t-il confié aux journalistes, au terme de deux journées de cour qui l’ont éprouvé.
« J’en ai eu des tough, a-t-il précisé, ça fait huit ans moi quand même, (et) des journées comme ça, des poursuites comme ça, c’est dur sur le système un peu. »
Son syndicat ayant décidé de ne pas présenter de témoin surprise, hier matin, M. Gagnon s’est présenté le premier devant le juge de la Cour supérieure Georges Taschereau.
Témoignage
À l’image des représentations spectaculaires survenues dans la même salle de cour, un jour plus tôt, on a d’abord cru assister à un véritable combat de coqs entre les avocats des deux parties.
Planté devant le juge, Jean Gagnon a dû patienter pendant une bonne vingtaine de minutes avant de pouvoir se lancer, tellement les objections de l’avocat de Régis Labeaume étaient nombreuses.
Avec l’intervention du juge, M. Gagnon a finalement pu raconter le contexte dans lequel ont été tenus les fameux propos qui lui sont reprochés.
Le pain et le beurre
C’était en février 2011. Le maire venait d’annoncer « 500 coupures de postes pour payer l’amphithéâtre », a répété encore hier M. Gagnon. L’affirmation, jugée inexacte du côté Labeaume, a aussitôt été dénoncée.
M. Gagnon se disait alors motivé par les appels de plusieurs de ses syndiqués. Ils se faisaient « enlever le pain pis le beurre de sur la table », a soutenu le chef syndical.
C’est en réagissant par une conférence de presse qu’il a déclaré que les contrats dans le privé servaient « à remplir les caisses électorales ».
Jurant avoir lancé ces propos dans un contexte « général », M. Gagnon a assuré que jamais il n’avait visé Régis Labeaume et son équipe.
Dans sa défense, le syndicat des cols blancs a fait valoir que ses propos avaient été extrapolés dans les médias le lendemain. Ces derniers avaient pourtant, de façon quasi unanime, relié ces propos à l’administration Labeaume, d’où la poursuite contre le syndicat et son président.
M. Gagnon a aussi expliqué que, pour lui, s’excuser publiquement comme le demandait Équipe Labeaume à l’époque, aurait été l’équivalent de « se mettre à genoux », alors que la mise en demeure qui lui avait été voyée l’accusait d’avoir tenu des propos malicieux, ce qu’il considère être faux.
Selon le syndicat, les propos de M. Gagnon n’ont pas diffamé le maire et son équipe ni ne leur a causé de dommages. Au début du procès, le syndicat a notamment invoqué la popularité du maire pour appuyer cette affirmation. Tous les témoins et les parties ayant finalement été entendus, sur le coup de 17 h 30, le juge Taschereau a pris l’affaire en délibéré. Il devrait rendre une décision au cours des prochains mois.
Source :
Marc-André Gagnon
Journal de Québec
Photo Annie T. Roussel