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Le juge prend la cause Régis Labeaume contre Jean Gagnon en délibéré

  05 mai 2012

(Québec) Le procès en diffamation intenté par Régis Labeaume contre Jean Gagnon est terminé. Le juge Georges Taschereau a pris la cause en délibéré. À lui maintenant de trancher si le président du syndicat des cols blancs a diffamé le maire et son équipe avec des déclarations liant les contrats privés aux caisses électorales des partis politiques. Ou si, comme le soutient la défense, les propos de M. Gagnon ont été mal rapportés par les journalistes.

Cette question à savoir si le chef syndical visait Équipe Labeaume dans sa déclaration de février 2011 a été discutée pour la deuxième et dernière journée hier au palais de justice de Québec.

Une journée à l'ambiance bien plus sereine que la veille, alors que, pendant son témoignage, le maire Labeaume avait eu de nombreux accrochages avec l'un des deux avocats de Jean Gagnon, Me Denis Bradet.


Seul témoin entendu hier, Jean Gagnon est venu dire que, lors d'une conférence de presse le

16 février 2011, il parlait des «partis politiques en général» en affirmant que donner des contrats à des entreprises privées permet de garnir «les caisses électorales».

«Il va falloir s'assurer que ce qu'on coupe, on ne l'envoie pas dans la colonne des contrats parce que les contrats, vous savez ça sert à quoi: ça sert à remplir les caisses électorales! C'est juste à ça que ça sert, les osties de contrats», avait lancé Jean Gagnon.

Le maire Régis Labeaume poursuit le président des cols blancs devant la Cour supérieure pour 200 000 $ pour atteinte à sa réputation et à celle de son parti.

Hier, M. Gagnon a juré qu'il n'a jamais douté de l'intégrité de Régis Labeaume et de son équipe. «Jamais je n'ai pensé ça et je ne l'ai pas dit non plus.»

Propos mal rapportés

En fait, soutient la défense, ce sont plutôt les journalistes qui ont «extrapolé» ses propos sur les caisses électorales en les liant à Équipe Labeaume. Le maire et son entourage auraient donc dû tenter d'en savoir plus sur le contexte dans lequel la citation a été dite, a plaidé Me Sophie Cloutier.

Or, répliquent les avocats du maire, la déclaration a justement été faite lors de la période de questions suivant une conférence de presse consacrée au recours au privé à la Ville et pendant laquelle les termes Ville de Québec, Labeaume ou maire ont été recensés une cinquantaine de fois par les avocats du maire.

«Essayer de faire croire qu'il ne visait pas M. Labeaume, tant qu'à moi, c'est un peu nous prendre pour des imbéciles», a lancé Me Daniel Dumais, lors d'une plaidoirie colorée. Jean Gagnon, a-t-il soutenu, a aussi eu la chance de s'excuser lorsqu'il a été mis en demeure. Ce qu'il n'a pas fait.

«Il n'avait pas à s'excuser de choses qu'il n'a pas dit», a pour sa part plaidé Me Cloutier selon qui son client a simplement «critiqué le système de financement des partis politiques». Une position que Jean Gagnon a souvent défendue publiquement, notamment dans un texte paru dans le journal syndical L'Unifier plus d'un an avant la déclaration mise en cause.

Me Cloutier a aussi plaidé en fin de journée qu'un parti politique comme Équipe Labeaume ne pouvait poursuivre en dommages moraux, puisqu'il ne s'agit pas d'une association. Les avocats du maire s'opposent à cette interprétation.

Il s'agit là d'une question que devra aussi trancher le juge, puisque la poursuite intentée par Régis Labeaume est à moitié à titre individuel et à moitié au nom de son parti.

Le verdict du juge Taschereau pourrait prendre quelques mois avant d'être rendu.


Source :
Valérie Gaudreau
Le Soleil
Photo:Le Soleil, Erick Labbé