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Labeaume peut oublier le droit de lock-out

  06 juin 2012

À court terme, le maire Régis Labeaume peut mettre une croix sur son espoir d'obtenir un droit de lock-out pour négocier avec ses employés municipaux.

Le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a commenté de façon non équivoque la demande faite par le maire de Québec la semaine dernière: «On ne travaille pas là-dessus. On n'a ouvert aucun dossier et je vois mal comment on pourrait travailler sur la fermeture de départements pour mettre de la pression sur une négociation.»

Mardi, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a commenté de façon non équivoque la demande faite à sa collègue du Travail, Lise Thériault, par le maire de Québec la semaine dernière.

«On ne travaille pas là-dessus, a déclaré le ministre Lessard. On n'a ouvert aucun dossier et je vois mal comment on pourrait travailler sur la fermeture de départements pour mettre de la pression sur une négociation.»

Une reprise des propos qu'il a tenus, la veille, au Devoir. «Une ville, ça donne des services, a affirmé M. Lessard. Ça ne met pas la clé dans la porte.» Le ministre souhaite rencontrer M. Labeaume pour comprendre comment son droit de lock-out pourrait s'exercer sans affecter les services à la population.


De Boucherville, où il prononçait une conférence mardi, Régis Labeaume a répliqué de façon cinglante aux propos tenus par le ministre Lessard dans Le Devoir. Le maire reproche au ministre de ne pas «prendre le temps de comprendre».

«Tu ne peux pas dire non d'emblée aux nouvelles idées. C'est de la peur de politicien, ça. Alors, écoute, analyse. On n'a pas à dire non à ce qu'il y a de nouveau dans notre société. Le Québec n'est pas malade pour rien», a-t-il lancé.

M. Labeaume a aussi accusé le ministre Lessard de ne pas être à l'écoute. «Il faut sortir de sa bulle, de son écosystème personnel, et se connecter sur la population», juge-t-il en reprochant un manque de souplesse. «Pourquoi les lois ne se changent plus? Une loi, c'est vivant, une société, c'est vivant, c'est organique, ça évolue. Mais les lois sont fixes. Ben le Québec est fixe aussi, le Québec bouge pas et le Québec avance pas ben ben souvent, je trouve.»

Rapport de force

Lors d'un dîner-conférence prononcé devant la Chambre de commerce de Québec mercredi dernier et repris mardi à Boucherville, M. Labeaume a exhorté le gouvernement à «se commettre» pour rééquilibrer le rapport de force dans les relations de travail à la Ville.

Il souhaite non seulement un «coup de barre magistral» dans les régimes de retraite des employés municipaux, mais aussi une révision de l'arbitrage et l'obtention du droit de lock-out. Le maire songe à en faire des demandes officielles lors de la prochaine campagne électorale. D'autres villes canadiennes bénéficient du droit de lock-out, plaide-t-il.

«Ce débat-là a été réglé dans les années 80, affirme le ministre des Affaires municipales. Il y avait ce droit-là [de lock-out], mais il n'y avait pas les services essentiels. Je n'ai aucun dossier ouvert et je ne pense pas en ouvrir non plus sur le volet du lock-out.»

Le déficit des régimes de retraite n'est pas lié à la capacité de négocier des villes, mais bien à l'effondrement du marché financier, rappelle le ministre Lessard.

Une analyse du Code du travail est en cours du côté du ministère du Travail, souligne l'attaché de presse de la ministre Thériault. Une modification aux règles qui régissent le rapport de force entre les employés et les patrons relève d'un complexe exercice d'équilibre. Particulièrement dans un contexte de négociations en cours.

«Les demandes du maire Labeaume seront examinées au même titre que toutes les autres, remarque Charles Robert. Pour le moment, on n'a pas statué. On n'est ni favorable, ni défavorable.»

Le ministère du Travail consultera celui des Affaires municipales advenant une éventuelle modification au Code du travail.


Source :
Simon Boivin et Valérie Gaudreau
Le Soleil
Photographie: Archives La Presse