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Des airs de front commun syndical contre Labeaume

  06 juin 2012

(Boucherville) Les chefs syndicaux de Québec ne sont pas les seuls à avoir Régis Labeaume à l'oeil. Ils étaient nombreux mardi à venir entendre le maire de Québec à Boucherville. Et déterminés à faire obstacle à son message, bien au-delà des frontières de la capitale.
Le président du Syndicat des pompiers de Montréal, Ronald Martin (à droite), en a de son côté contre l'attitude du maire Labeaume qui a dû s'excuser il y a deux semaines pour avoir traité les pompiers de «menteurs». (Boucherville)

Pompiers et policiers de Montréal et de Longueuil, cols blancs de Longueuil, cols bleus de Boucherville: les couloirs de l'hôtel Mortagne où le maire Labeaume prononçait une conférence lors d'un dîner devant la Chambre de commerce de la Rive-Sud avaient des airs de front commun syndical.

De Québec, le chef du syndicat des pompiers, Éric Gosselin, celui des policiers, Bernard Lehre, et l'avocat des cols bleus, Me Yves Morin, ont fait le voyage.

Une présence importante que M. Labeaume n'a d'ailleurs pas manqué de signaler sur une note ironique. «J'aimerais saluer les dirigeants syndicaux qui sont ici aujourd'hui. Il y en a même de Québec. Les gars sont venus ici par solidarité avec leur maire», a-t-il lancé.


Les chefs syndicaux de Montréal et de la Rive-Sud présents ont dénoncé le discours de M. Labeaume qui souhaite «équilibrer le rapport de force» entre villes et syndicats en donnant un «coup de barre magistral» dans les déficits des régimes de retraite.

«Ce que je viens d'entendre, c'est complètement démesuré!» a lancé Mario Gauthier, président du Syndicat des cols bleus de Longueuil. «Ça fait 25 ans que je suis à la Ville de Longueuil. Ces régimes, quand ils étaient en surplus, ça donnait congé de cotisation aux employeurs. Là, on est devant une baisse et c'est l'apocalypse!» a-t-il ironisé.

Dans sa conférence intitulée Frapper le mur ou faire sauter les carcans qu'il avait aussi livrée devant la Chambre de commerce de Québec mercredi dernier, Régis Labeaume demande de plus une révision des règles d'arbitrage, que la composition de la liste des services essentiels en cas de grève soit retirée des mains des syndicats et que les villes aient droit au lock-out.

Ce dernier point n'a pas trouvé grâce non plus aux yeux des syndicats présents. «Le droit au lock-out, on a connu ça dans les années 70. On est rendus en 2012. Je n'embarque pas là-dedans. Je ne pense pas que ça va régler les problèmes», a réagi Daniel Duval, président du Syndicat des cols blancs de Montréal.

De l'huile sur le feu

Le président du Syndicat des pompiers de Montréal, Ronald Martin, en a de son côté contre l'attitude du maire Labeaume qui a dû s'excuser il y a deux semaines pour avoir traité les pompiers de «menteurs».

«Une majorité des pompiers au Québec se sont sentis interpellés et on pense que le maire Labeaume fait exprès pour ajouter de l'huile sur le feu. Il veut parler des régimes de retraite? Ça fait déjà un an qu'on en parle», a lancé M. Martin. «On ne comprend vraiment pas ce qu'il vient faire.»

Ce que le président de la Fraternité des policiers de Longueuil, Michel Roth, dit pour sa part ne pas comprendre, c'est plutôt le caractère aussi public des demandes du maire par rapport aux syndicats. «Ça envoie un mauvais message, croit-il. En 2002, on a réglé l'harmonisation de sept conventions collectives, sans moyens de pression, sans sortie dans les médias. Je suis content que ce ne soit pas le maire Labeaume qui était chez nous à l'époque parce que je ne suis pas sûr qu'on serait arrivé à un règlement.» Régis Labeaume a toujours dit souhaiter que la population «soit au courant» des conditions des employés municipaux et de leur salaire de 30 % plus élevé que celui des fonctionnaires provinciaux et 20 % de plus que celui des employés des grandes entreprises.

Bien qu'il souhaite un «débat national», Régis Labeaume n'a pas d'autres conférences comme celle de mardi au programme. «Pas de world tour», illustre-t-on au cabinet.


Source :
Valérie Gaudreau
Le Soleil
Photographie: La Presse, Ivanoh Demers