Avec le prolongement du confinement, les cols bleus et les cols blancs craignent que les villes procèdent à des mises à pied massives parmi leurs effectifs.
Nouvelles
Labeaume, le livre et le malaise
05 octobre 2011
Québec — Quatre ans après son arrivée à l'hôtel de ville de Québec, le maire Régis Labeaume fait l'objet d'un premier livre très critique intitulé Labeaume - La dictature amicale.
L'idée de ce livre, explique l'auteur, David Lemelin, est née il y a deux ans d'une «inquiétude» sur la «fragilité de la démocratie à Québec». «J'entendais plein de gens autour de moi avoir des récriminations sur le maire Labeaume, mais personne ne le disait publiquement», explique-t-il.
Anciennement animateur d'émissions à caractère politique à Vox et Télé-Québec, David Lemelin est aujourd'hui agent de communication pour la Fédération des comités de parents.
Estimant que le silence évoqué plus haut n'était ni «normal» ni «sain», il est parti en quête de ces témoignages critiques. Son but n'était pas de rédiger un essai ou une biographie, mais plutôt de «prendre une photo du moment».
Bilan peu flatteur
Présenté comme un «livre-choc» par l'éditeur Michel Brûlé, le livre ne contient pas vraiment de révélations sur Régis Labeaume, mais dresse un bilan peu flatteur de son règne en se concentrant sur ses écarts de conduite, ses manoeuvres d'intimidation envers des opposants et son statut de superstar médiatique et de «maireketing», pour reprendre un des nombreux jeux de mots utilisés dans le livre.
Prié de dire s'il ne contribuait pas à «la politique-spectacle» en se concentrant plus sur le personnage que ses politiques, Lemelin rétorque que la démocratie est «une question de fond». «J'embarque peut-être dans le cirque au sens où il y a une voix de plus qui parle de lui, sauf que c'est une voix discordante.»
Des opposants comme Denis de Belleval aux professeurs d'université, une bonne vingtaine de personnes témoignent. Le maire et son entourage n'ont toutefois pas été sollicités, l'auteur estimant que leur point de vue était déjà «trop partout tout le temps». Des tentatives auprès des conseillers de son équipe se sont pour leur part soldées par un échec, à l'exception du très coloré Marc Simoneau, qui affirme que «pour se faire une personnalité, pour foncer dans la vie, il faut que tu rencontres une fois dans ta vie un gars comme Régis Labeaume». Plusieurs journalistes affectés à couverture de la ville de Québec ont également été sollicités, dont l'auteure de ces lignes qui a décliné l'offre.
Carl Langelier, un ancien journaliste de TVA, raconte notamment dans le livre qu'il n'a jamais vu de politicien «aussi aux aguets par rapport à son image». L'auteur en profite pour écorcher au passage Quebecor qui, dit-il, a déjà censuré une parodie du maire qu'il avait réalisée à Vox avec le collectif Prenez garde au chien. «Labeaume a un traitement privilégié dans les médias de Quebecor, c'est évident», disait-il à ce propos hier.
Même s'il évoque dans le livre les nombreuses menaces de poursuites en diffamation prononcées par le maire, Lemelin dit ne pas avoir peur de goûter à la même médecine. «Tous ceux à qui je l'ai fait lire m'ont dit qu'il n'y en avait pas [de diffamation]. Je n'ai pas fait de procès d'intention, je n'invente rien.»
Source :
Le Devoir
Isabelle Porter 5 octobre 2011