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Droit au lock-out et régimes de retraite en tête de la liste de Labeaume
03 août 2012
(Québec) Régis Labeaume somme tous les citoyens de Québec de «harceler» les candidats aux élections pour leur demander s'ils sont en faveur du droit au lock-out pour les villes et d'un coup de barre dans les déficits des régimes de retraite, deux éléments en tête de sa «liste d'épicerie» dévoilée vendredi.
Régis Labeaume l'avait annoncé en mai, il l'a martelé vendredi: il veut le droit au lock-out pour les municipalités. Et ce, malgré l'accueil plutôt tiède réservé à sa proposition par le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, et la ministre du Travail, Lise Thériault, ce printemps. «La différence, c'est que là, des élections sont déclenchées et ça, c'est majeur», a-t-il tranché.
«Pourquoi on n'a pas le droit au lock-out alors que les autres grandes villes canadiennes y ont droit?» a demandé Régis Labeaume selon qui un tel outil donnerait «un rapport de force» avec les syndicats.
Vendredi, le maire a repris essentiellement le discours qu'il a prononcé le 30 mai devant la Chambre de commerce de Québec et celle de la Rive-Sud de Montréal quelques jours plus tard.
En plus du droit de lock-out, il veut que les candidats aux élections s'engagent à changer la loi pour revoir la façon de dresser la liste des services essentiels, qu'il juge trop favorable aux syndicats. Il faut aussi abolir le plancher d'emploi, plaide-t-il.
«Les lois actuellement nous empêchent de faire plus avec moins et nous obligent à conserver des emplois dont on n'a plus besoin.» La masse salariale des employés de la Ville, a soutenu le maire, a augmenté de 6 % par an depuis 10 ans.
Régis Labeaume souhaite aussi qu'une réforme prochaine du Code du travail permette de modifier le processus d'arbitrage en nommant trois arbitres au lieu d'un seul.
Enfin, il a repris vendredi sa formule selon laquelle les municipalités vont «frapper un mur» si rien n'est changé pour combler les déficits des régimes de retraite. À Québec, il est de 516 millions$ et de 4 milliards$ pour la province, des sommes que M. Labeaume voudrait voir épongées à parts égales entre la Ville et les employés.
Cette question est un véritable «débat de société» selon le maire qui invite les électeurs à «harceler» les candidats aux élections pour demander s'ils sont d'accord ou non avec ces demandes». «Pas de "On va l'examiner, l'analyser ou le mettre en priorité". Ce qu'on veut savoir, c'est: "Es-tu d'accord ou tu l'es pas?" Pas de faux-fuyants», a martelé M. Labeaume. La réponse à la question, tranche-t-il, permettra de savoir si les candidats sont en «faveur des payeurs de taxes» ou «en faveur des organisations syndicales».
Équipements sportifs et communautaires
Outre des changements aux relations de travail, le maire veut plus d'infrastructures sportives. La facture de ses demandes est de 76 millions$.
Pour l'anneau de glace de 100 millions$, souhaité depuis longtemps, il demande 45 millions$ au gouvernement du Québec. Un stade intérieur de soccer à 25 millions$ et deux palestres de gymnastique (18,7 millions$) font aussi partie des demandes. M. Labeaume souhaite aussi voir des centres communautaires rénovés, comme ceux de Lebourgneuf et des Chutes, ou encore pousser de terre comme le YMCA dans la basse ville et à D'Estimauville.
Le conseiller indépendant Yvon Bussières a qualifié vendredi de «réchauffées» les demandes du maire Labeaume. «Ce sont des vieilles demandes», a-t-il dit en déplorant que la «liste d'épicerie» ne contienne «rien pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale».
«Liste d'épicerie» du maire Régis Labeaume
RELATIONS DE TRAVAIL
- Donner le droit de lock-out aux municipalités
- Baisser le plancher d'emploi
- Revoir la façon de constituer les listes de services essentiels
- Changer le mode d'arbitrage et lutter contre les déficits des fonds de pension
ÉQUIPEMENTS SPORTIFS ET COMMUNAUTAIRES
- Anneau de glace couvert
- Stade intérieur de soccer (Beauport)
- Deux palestres (Charlesbourg et Sainte-Foy)
- Piscine extérieure et terrain synthétique de soccer (Lebourgneuf)
- YMCA dans Saint-Sauveur-Saint-Roch
- Centre communautaire dans D'Estimauville (Beauport)
- Rénovation du centre communautaire des Chutes (Beauport)
Québec est la capitale, réplique Labeaume
La mairesse de Lévis trouve que Québec est trop gâtée par le provincial? «On ne commencera pas à blâmer le gouvernement de s'occuper adéquatement de sa capitale», réplique Régis Labeaume.
«Québec est la capitale nationale du Québec et la capitale de la Francophonie en Amérique», a répondu le maire vendredi, deux jours après une sortie tranchée de Danielle Roy Marinelli.
Mercredi, la mairesse de Lévis a montré son impatience devant les nombreuses subventions à la Ville de Québec alors qu'elle dit toujours attendre l'argent pour le complexe aquatique de Saint-Nicolas et le viaduc de Saint-Rédempteur.
Le libéral Gilles Lehouillier a répliqué, disant que son gouvernement aurait investi plus de 400 millions$ sur la Rive-Sud depuis 2008.
Même le premier ministre sortant, Jean Charest, a défendu, jeudi, son bilan lévisien en estimant que les gros projets de Québec profitent aussi à Lévis.
Vendredi, Régis Labeaume a repris essentiellement ce discours. «Moi, je n'ai pas rencontré un seul citoyen de Lévis qui n'était pas heureux d'avoir un amphithéâtre.» Même chose, dit-il, pour la promenade Samuel-De Champlain. Il n'y a pas d'affiche qui dit: "Interdit à la population de Lévis"», a ironisé le maire de Québec, qui a aussi nommé le Théâtre Le Diamant comme projet qui rayonne au-delà du fleuve.
«Je regrette, mais ce ne sont pas des équipements pour la Ville de Québec, a conclu M. Labeaume. Ils sont au minimum pour la région de Québec et l'amphithéâtre, c'est un effet pour tout l'est du Québec.»
Source :
le Soleil
Valérie Gaudreau
Le Soleil, Yan Doublet