Avec le prolongement du confinement, les cols bleus et les cols blancs craignent que les villes procèdent à des mises à pied massives parmi leurs effectifs.
Nouvelles
«Revenez à table», insiste Labeaume
09 novembre 2012
«On est assis sur un volcan», martèle le maire Labeaume, qui répète que le temps presse pour trouver une solution au problème des régimes de retraite des employés municipaux si les citoyens de Québec veulent éviter une augmentation de taxes vertigineuse au cours des prochaines années.
Le maire Labeaume est encore une fois revenu à la charge au lendemain de la troisième rencontre au sommet avec les syndicats. «Regardez-moi bien aller», a-t-il prévenu.
Si les syndicats refusent de s’asseoir avec lui, le maire entend se servir de la population pour forcer la main au gouvernement.
Une fois «l’horreur» qui se cache derrière les régimes de retraite mieux comprise par la population, «le monde va descendre dans les rues», croit le maire de Québec.
«Allez faire un tour dans les Rona et dans les grosses quincailleries pour le fun, allez donc voir qui travaille là; vous allez voir des gens assez âgés qui ont besoin de travailler. Ce monde-là, ils reçoivent un compte de taxes à chaque année et ils paient 75 % des fonds de pension des employés de la ville. C’est une injustice incroyable, ça n’a aucun sens.»
La retraite à 67 ou 65 ans
Si les chefs syndicaux de la ville de Québec acceptent de revenir à la table de négociation avec lui, le maire Labeaume est prêt à mettre de l’eau dans son vin en diminuant la hausse de l’âge de la retraite à 65 ans plutôt qu’à 67 ans, comme il l’a proposé jeudi. Il en a d’ailleurs profité pour préciser que la retraite à 65 ou 67 ans ne pouvait s’appliquer aux pompiers et aux policiers puisqu’il s’agit de corps de métier réglementés.
«Revenez à table», a répété le maire de Québec, hier, en s’adressant aux chefs syndicaux.
M. Labeaume comprend bien mal pourquoi les syndicats ne saisissent pas cette occasion de négocier directement avec le patron sur des enjeux communs.
«Le maire ne s’en ira pas à chaque table de négociation, ce n’est pas comme ça que ça marche», croit M. Labeaume.
«J’étais parti pour des mois, j’étais prêt à mettre tout le temps qu’il faut, à être présent et à les négocier moi-même. S’ils ne veulent pas le faire, ils ont fait leur choix.»
Il faut revoir l’âge de la retraite, selon Jérôme-Forget
L'ex-ministre libérale Monique Jérôme-Forget appuie Régis Labeaume et croit que le report à la retraite des employés municipaux à 67 ans est nécessaire.
«On se prive de compétences. Garder des employés plus tard, c’est payant pour l’économie québécoise, c’est payant pour la Ville de Québec, c’est payant pour la société en général et c’est payant pour les entreprises. On doit s’adapter au fait qu’on vit de plus en plus vieux», a lancé, hier, Mme Jérôme-Forget en marge d’un déjeuner-conférence où elle faisait la promotion de son ouvrage Les femmes au secours de l’économie.
Pour régler ce qu’elle nomme le «problème démographique» du Québec, l’ancienne ministre des Finances estime qu’il faut garder les femmes et les employés vieillissant dans l’environnement de travail.
Les employés manuels comme les cols bleus devront aussi contribuer. «Ils travaillent très fort physiquement et peuvent être fatigués. Mais dans ce milieu-là, ils sont aujourd’hui plus en santé et vigoureux, car ils font beaucoup d’exercice dans le cadre de leur travail», croit-elle. Elle souligne d’ailleurs qu’ils peuvent faire valoir leur «expertise» dans un rôle qui fait moins appel à leur physique. «Il va falloir qu’on s’interroge sur l’âge de la retraite. Je vois même qu’à la ville de Montréal, ils ont trouvé une entente avec les syndiqués, c’est une des premières. C’est la survie des régimes de retraite», souligne-t-elle.
—Avec la participation de Charles Lecavalier du bureau parlementaire
Source :
Marc André Gagnon
Journal de Québec
Photo les archives René Baillargeon