Avec le prolongement du confinement, les cols bleus et les cols blancs craignent que les villes procèdent à des mises à pied massives parmi leurs effectifs.
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«67 ans, il rêve en couleurs», disent les cols blancs à Labeaume
10 novembre 2012
(Québec) Liberté 65 ou 67 ans pour les employés de la Ville de Québec? Sans avoir arrêté de chiffre précis, Régis Labeaume entend repousser l'âge de la retraite des employés de la Ville de Québec. Une mesure qu'il est prêt à discuter directement avec les chefs syndicaux.
Les travaux de l'amphithéâtre étant lancés, le maire Régis Labeaume aura le déficit des régimes de retraite des employés de la Ville sur le haut de sa pile de dossiers prioritaires au cours des prochains mois. Évalué et convenu avec les syndicats à 750 millions $, le déficit pourrait s'amoindrir si l'âge de la retraite était repoussé d'une dizaine d'années.
«Le gouvernement fédéral a décidé que l'âge de la rente est 67 ans et il a décidé que les nouveaux fonctionnaires qui entrent seraient à la retraite à 65 ans», cite le maire en exemple. «Le déficit des fonds de pension, c'est devenu le dossier le plus important à la Ville de Québec avec l'amphithéâtre. Je leur dis, venez vous asseoir. Je ne sais pas comment on peut mieux négocier avec l'employeur, qui est le maire de Québec. C'est pas vrai qu'aux tables de négociation, ça peut être plus facile. Je ne connais pas une organisation syndicale qui refuserait de négocier avec le patron. S'ils ne veulent pas, c'est leur problème. Mais est-ce que c'est une bonne chose pour leurs membres? Je ne suis pas sûr.»
Une occasion que ne sont pas prêts d'accepter ni les cols blancs ni les cols bleus. «67 ans, il rêve en couleurs», s'exclame en riant Linda Bélanger, vice-présidente du Syndicat des fonctionnaires municipaux de la Ville de Québec.
«Tant qu'à faire, payez-nous les couches et le manger mou et enterrez-nous à côté de nos bureaux. Il est ouvert à en discuter, mais il n'a qu'à venir en conciliation tous les mardis. Je ne peux pas négocier avec tous les syndicats cette mesure. Nous avons augmenté notre part de cotisation depuis 2005 et la Ville a diminué la sienne.»
Les cols bleus n'entendent pas discuter de ce dossier sur la place publique ni en présence des autres syndicats. «Ça ne va concerner que les cols bleus de la Ville de Québec», précise Marc-André Dufour, président du syndicat des employés manuels. «Un col bleu à 67 ans, ils vont devoir mettre les marchettes à côté des camions.»
Population de son côté
Régis Labeaume entend embarquer les citoyens de Québec avec lui dans sa bataille. «Les gens n'en peuvent plus de payer», désespère-t-il. «Sur le compte de taxes de chaque citoyen, ça va augmenter d'année en année et de façon vertigineuse. Il y a un déficit et il faut que ça soit partagé 50-50. Nous payons près de 75 % des fonds de pension de la Ville.»
«On n'a jamais eu la population de notre bord, de toute façon», réplique Linda Bélanger. «Je travaille pour la Ville, mais moi aussi, je paye des taxes.»
Divers scénarios seront élaborés par le maire afin de trouver la mesure qui réduira le déficit des régimes de retraite. «Parlons de 65 ans, qui sera l'âge de retraite des nouveaux employés fédéraux. Pourquoi ce qui est bon pour la population qui paie des taxes, ça ne serait pas bon pour les fonctionnaires de la Ville de Québec?», questionne Régis Labeaume.
«Va falloir que quelqu'un m'explique ça, mais comme personne ne veut en parler. Je vais me faire mon idée seul et je vais partir avec ça.» Il ajoute que cette mesure ne pourrait pas s'appliquer aux policiers ni aux pompiers en raison d'une réglementation provinciale.
Source :
Dominque Hardy
Le Soleil
Photographie Pascal Ratthé