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Maire et syndicats : deux mondes

  10 novembre 2012

Les syndicats qui ont accepté de participer aux rencontres au sommet organisées par le maire de Québec pour discuter des régimes de retraite ont maintenant l’impression de lui avoir donné l’occasion d’ouvrir toute une boîte de Pandore

C’est un euphémisme de dire que le maire Régis Labeaume aura fort à faire pour convaincre les syndicats représentant les policiers, pompiers, cols blancs et fonctionnaires municipaux de revenir à une quatrième rencontre au sommet.
Il se dit prêt, à la blague, à les harceler, tant il souhaite poursuivre les discussions.
Après cette troisième rencontre, le maire a dit qu’il souhaitait aller plus loin et discuter non
seulement du déficit des régimes de retraite, mais aussi de l’âge de la retraite et des pénalités en cas de départ anticipé. Il a ensuite précisé qu’il ne parlait pas des pompiers ni des policiers.
Le maire Labeaume apprécie le modèle fédéral, qui repoussera l’âge de la retraite à 67 ans à compter de 2023, a-t-il affirmé.


PAS QUESTION


Mais les syndicats ne le voient pas de cet oeil. Des solutions communes, ça se peut? «Ben voyons, y en a pas certain; on a-tu déjà négocié nos conventions à l’image des autres? Ça n’est jamais arrivé», s’est exclamé Lynda Bélanger, vice-présidente du syndicat des cols blancs.
Mme Bélanger souligne que les horaires diffèrent, tout comme l’âge et les caractéristiques du personnel.
«Non seulement il veut unifier nos conventions, mais là il veut même unifier le Québec, il veut en faire un débat national. On s’en va où avec ça? À un moment donné, ça devient une démagogie épouvantable», dénonce Éric Gosselin, qui représente les pompiers de Québec.


«NOUVEAU CONTRAT SOCIAL»

En terrain syndical, on commence à se demander jusqu’où le maire voulait aller ce printemps, lorsqu’il leur avait parlé de négocier un «nouveau contrat social».
Il avait utilisé cette expression à la sortie d’un discours enflammé devant la Chambre de commerce de Québec.
Il venait notamment de réclamer le droit au lock-out pour les villes, la retraite plus tôt et l’abolition des planchers d’emploi.
Méfiants, les syndicats s’étaient tout de même prêtés au jeu, à l’exception des cols bleus, qui sont présentement en grève du temps supplémentaire et qui ne souhaitent négocier qu’à leur table. Leur convention est échue depuis le 31 décembre 2010, tout comme celle des cols blancs. Or, la veille de la troisième rencontre, qui a eu lieu jeudi, les participants ont expédié un communiqué commun dans lequel ils avertissaient le maire que, selon eux, la boucle était bouclée et qu’il n’y aurait pas d’autre rencontre.


CROISÉE DES CHEMINS

«On est rendus à la croisée des chemins, c’est clair; là on en est rendus à un point où le reste se passe aux tables de négociation», a commenté Lynda Bélanger, dont le groupe retourne devant le conciliateur mardi prochain. Selon cette dernière, il est clair «que c’est impossible de négocier les grandes lignes et qu’elles soient les mêmes pour tout le monde parce que les gains ou les pertes ne seront pas les mêmes, à cause des chiffres actuariels.
C’est très complexe, les régimes de retraite. On veut tous assurer leur pérennité; maintenant, on a d’autres enjeux, on est en négociation, il faut arrêter ça là.» Mme Bélanger a invité le maire à se présenter mardi devant le conciliateur


Source :
Karine Gagnon
Journal de Québec