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Nouvelles
Labeaume, un exemple de «dictature amicale»?
05 octobre 2011
(Québec) Avec son sourire d'un côté et sa main de fer de l'autre, Régis Labeaume est-il l'incarnation d'une forme de «dictature amicale»? C'est en tout cas ce que soutient l'auteur David Lemelin dans un essai consacré au maire de Québec.
Dictature. Le mot est fort. «Il est énorme, ce mot. Il fait peur», reconnaît l'essayiste et journaliste dans son livre Labeaume : la dictature amicale, en librairie le 12 octobre.
Mais cette expression de «dictature amicale», traduction de friendly dictatorship empruntée au chroniqueur du Globe and Mail Jeffrey Simpson, donne aussi des clés pour comprendre le «style Labeaume», estime David Lemelin en entrevue. «Je trouvais que cette expression résume très bien le personnage. Avec lui, c'est quand ça fonctionne à mon goût, tu es mon ami et quand ça ne fonctionne pas à mon goût, tu vas avoir affaire à moi!» illustre-t-il. «Je trouvais que dictature amicale était un bon mélange des deux côtés de la médaille.»
C'est aussi pour montrer un autre côté de la médaille que David Lemelin a eu l'idée de ce livre il y a deux ans. «J'ai réalisé qu'autour de moi, des gens avaient des récriminations contre Labeaume, mais ça ne sortait pas publiquement, explique-t-il. J'ai une inquiétude par rapport au fait qu'il y a une sorte d'unicité qui dit que tout ce que le maire fait est bien.»
Pas un pamphlet
Ce livre n'est pas un pamphlet anti-Labeaume, aux yeux de l'auteur, journaliste, collaborateur au Soleil, ex-animateur (VOX, Télé-Québec) en plus d'être humoriste dans le collectif Prenez garde aux chiens, qui a d'ailleurs caricaturé Régis Labeaume dans le passé.
«C'est une photographie de l'état actuel de la démocratie à Québec», illustre David Lemelin, qui, dans son livre, témoigne aussi de «zones de lumière» comme la fierté retrouvée, impact le plus positif depuis l'arrivée de M. Labeaume à l'hôtel de ville en décembre 2007, dit-il.
Mais il y a des zones d'ombre, poursuit M. Lemelin. «Le bagout, la fierté, le dynamisme, c'est accompagné d'une irritabilité, d'une allergie totale à la critique, ce qui est malsain et inacceptable.»
Québec possède bel et bien la démocratie, dit-il. Mais devant une telle unanimité, il invite la population à demeurer vigilante, dit-il en substance dans cet essai de 250 pages.
Pour son livre, appuyé sur une imposante revue de presse, il a interrogé des journalistes, des opposants connus comme Denis de Belleval ou Pierre Boucher, qui lancera bientôt un parti d'opposition. Les trois conseillers indépendants, aussi, de même que des chercheurs de l'Université Laval, comme la sociolinguiste Diane Vincent et la politologue Louise Quesnel. L'auteur admet avoir essuyé beaucoup de refus dans sa recherche de sources. Notamment des gens d'affaires, un secteur où la seule personne qui a voulu parler a requis l'anonymat.
Mais ceux qui ont accepté de contribuer à l'essai abordent le «style Labeaume» : les répliques acerbes à l'opposition, aux autres élus et aux médias, son entourage composé d'experts en communication, la relation du maire avec les radios privées, le projet de loi 204, le côté «pdg» de ce millionnaire devenu maire.
David Lemelin l'admet, c'est volontairement qu'il n'a pas sollicité d'entrevue avec Régis Labeaume pour lui donner la réplique. «Il est partout, tout le temps. C'était totalement inutile de le faire, plaide-t-il. Ce qui me motivait, c'est que plein de gens ont des choses à dire, mais on les entend peu. Il aurait justifié chaque point et ça, il le fait tous les jours.»
DAVID LEMELIN. Labeaume : la dictature amicale, Éditions Michel Brûlé, 255 pages
Source :
Le Soleil
Valérie Gaudreau