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Labeaume, un dictateur amical?

  05 octobre 2011

Souvent comparé à Napoléon et plus récemment à Berlusconi, le maire Labeaume serait-il en train de faire déraper la démocratie à Québec? se demande David Lemelin.

Le journaliste et animateur David Lemelin s’est penché sur une question qui le préoccupait depuis des années : le maire Labeaume serait-il un dictateur amical dont le style nuit à la démocratie et au droit de parole à Québec?


Signant ainsi son premier ouvrage à saveur politique, David Lemelin le précise d’entrée de jeu : il n’a pas voulu répondre à la question ni cherché à écrire une biographie ou à révéler d’innombrables secrets. Il souhaite laisser le lecteur juger librement de la chose.

L’auteur désirait plutôt attirer l’attention sur le sujet et provoquer des discussions, après avoir entendu lui-même plusieurs commentaires émanant des milieux politique et médiatique. « C’est vraiment plusieurs conversations autour de moi, de voir qu’il y avait plein de gens qui avaient des choses à dire, mais que, dans le fond, ça sortait peu ou pas », explique-t-il.

En plus de retracer des coups de gueule du maire depuis 2009, M. Lemelin a donc recueilli divers témoignages depuis deux ans auprès de journalistes, du milieu universitaire, chez des conseillers à l’hôtel de ville. Il a essuyé plusieurs refus, notamment dans le milieu des affaires, où personne n’a accepté.

Néanmoins, il en est ressorti des témoignages qui ont surpris M. Lemelin par leur profondeur et qui l’ont étonné. « Certains journalistes ont eu droit à des colères du maire, à des appels d’intimidation sur leur cellulaire, relate-t-il. Je ne l’ai pas rêvé, il y en a plein qui me l’ont dit. Donc, intimider la presse, l’opposition, les citoyens qui posent des questions, c’est très sérieux ça, et l’état de la démocratie à Québec, c’est fragile et il faut s’en préoccuper. »

En contrepartie, plusieurs ont relevé les qualités de leader du maire, son dynamisme et le courant de fierté auquel il contribue. « Une des phrases qui résume le mieux l’affaire vient de Claude Cantin (ex-bras droit de Jean-Paul L’Allier) : “Il faudrait faire aussi bien tout en étant respectueux.” »

Appui populaire

L’auteur n’a pas parlé au maire Labeaume. « Ce n’était pas le but (...) C’est pas le maire qu’on n’entend pas (...) Alors, je voulais juste un peu rééquilibrer le rapport, donner la parole à d’autre monde. »

Le journaliste ne prétend pas amener le maire à changer. « Je pense qu’il va rester comme ça tant qu’il va penser que c’est payant. Si un sondage lui donne 84 % de taux de satisfaction, il va rester comme ça (...) Les gens vont tranquillement se rendre compte que ce n’est pas tout à fait naturel que les journalistes se sentent intimidés dans les points de presse et que l’opposition, aussi faible soit-elle, soit écrasée. »

À savoir s’il craint des représailles, M. Lemelin répond qu’« il va peut-être bougonner un peu », mais ces questions sont saines et qu’en tant que maire, il devrait être heureux qu’on s’en préoccupe, estime-t-il.

« Si ça peut juste encourager un peu le débat, je serai bien content. Juste qu’on puisse se permettre de dire des choses. Le maire n’est pas obligé d’être d’accord... »

L’ouvrage sera offert en librairie le 12 octobre.


Source :
Le Journal de Québec
Karine Gagnon

Photographie
Les Archives- Journal de Québec