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Publicité pour St-Hubert: Labeaume casse la glace pour les élus

  04 octobre 2011

(Québec) Le maire de Québec, Régis Labeaume, ne voit aucun problème d'éthique à prêter son image d'élu dans une publicité de la chaîne de rôtisseries St-Hubert. «Il y a toutes sortes de théories, moi, ce qui m'importait, c'était le 25 000 $ à Opération Enfant Soleil», tranche-t-il.

Autre critère pour avoir accepté de figurer dans une publicité de cette série : ceux qui l'ont fait avant lui, soit le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, et le gérant et mari de Céline Dion, René Angélil. «Laliberté et Angélil, c'est pas des fous, ils ont dû évaluer leur affaire», a dit le maire en point de presse, lundi, lorsqu'il a été appelé à commenter la publicité diffusée pour la première fois dimanche soir.

«Comme je suis passé après eux, je me suis dit qu'ils avaient eu le temps de faire le tour du jardin, mais on l'a quand même analysée pour ne pas avoir l'air fou non plus. Mais 25 000 $, tu ne laisses pas passer ça.»

Et pourquoi un don à Opération Enfant Soleil? «Il a toutes sortes de conflits d'intérêts ici, mon chef de cabinet a été dg d'Opération Enfant Soleil. C'est une vaste collusion», a ironisé M. Labeaume lundi soir en disant que l'organisme est à l'origine du concept.


Dans la publicité diffusée pour la première fois dimanche soir, on voit le maire Labeaume se présenter devant les journalistes. Un reporter l'interpelle en soutenant qu'il «ne serait pas le seul à commander à l'hôtel de ville».

Naturel dans son rôle...

Ferme et très naturel dans son propre rôle, Régis Labeaume répond: «Peut-être que mon adjointe Claire commande de temps à autre, ou mon épouse, mais on va mettre ça clair, à la Ville de Québec, c'est toujours Régis Labeaume qui commande. Normalement, c'est un quart cuisse pis une salade crémeuse, pis ça c'est certain», lance-t-il, entouré de micros et bombardé de flashs de caméras. Le maire Labeaume est le 30e à se prêter à cette publicité de l'agence montréalaise Bos. Le hockeyeur Vincent Lecavalier, le dramaturge Michel Tremblay, l'humoriste Louis-José Houde et même Bonhomme Carnaval sont apparus dans un épisode de cette campagne où des personnalités versent le cachet reçu à un organisme de leur choix.

La différence pour le maire, c'est qu'il s'agit d'une première pour un politicien.

Un élu devrait-il faire de la publicité pour une entreprise privée, même si son cachet est versé à un organisme?

Joint par Le Soleil lundi, le jurisconsulte du Québec, Claude Bisson, n'y voit pas de problème. «C'est son choix», dit-il, mais tout dépend de la compagnie, poursuit M. Bisson. Il y aurait un problème éthique si la publicité était pour une grande firme comme IBM ou CGI, illustre-t-il, car ils peuvent être des fournisseurs potentiels de la Ville. «Là, il y aurait une situation de conflit d'intérêts, note M. Bisson. Mais je doute que St-Hubert soit un gros fournisseur de la Ville.»

Cette présence d'un politicien dans une publicité de St-Hubert est une première pour un élu, a confirmé lundi Richard Nadeau, de l'agence Bos et concepteur-rédacteur de la campagne. «Plusieurs ont passé proche de se concrétiser, mais ils n'ont pas fonctionné, généralement à cause de problèmes d'horaires. C'est aussi arrivé que certaines personnes ne se disent pas à l'aise de se commettre envers une entreprise en particulier.» M. Nadeau confirme que l'idée vient d'Opération Enfant Soleil. «Ils ont dit qu'ils avaient un porte-parole et que c'était M. Labeaume! J'ai été un peu surpris et séduit», dit-il.


Source :
Le Soleil
Valérie Gaudreau

Photographie
Le Soleil, Pascal Ratthé