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Forte hausse des démissions des employés permanents à Québec

  23 janvier 2013

(Québec) Le nombre de démissions d'employés permanents à la Ville de Québec a plus que triplé depuis 2005, selon une compilation obtenue par Le Soleil.

À une époque où les relations sont très tendues entre l'administration Labeaume et ses syndiqués, on constate que de plus en plus d'employés permanents choisissent d'abandonner leur permanence, leurs conditions de travail et leurs fonds de pension pour continuer leur carrière ailleurs.

Un tableau réalisé par le service des ressources humaines de la Ville à la demande du Soleil démontre que de 2005 à 2012, le nombre de démissions d'employés permanents est passé de 10 à 35 par année, pour un total de 175 départs volontaires. Ce nombre représente 4,1 % de l'effectif permanent de 4219 employés.

Le phénomène est particulièrement flagrant chez les professionnels, dont 8 % des employés permanents (34 sur un total de 417) ont quitté le navire.

Parmi les cadres, 7,5 % du personnel permanent a démissionné durant la période étudiée (28 employés sur 372).

Chez les cols blancs, la plus grosse classe d'emplois, le taux de démission se situe à 4 %, soit 60 employés permanents sur un effectif de 1440 fonctionnaires.

Les employés non permanents, qui n'ont aucune sécurité d'emploi, quittent aussi en plus grand nombre la Ville de Québec. Alors qu'ils étaient 100 à avoir démissionné en 2005, il y a 175 départs volontaires en 2012.

Au total, ce sont 1218 employés, tous statuts confondus, qui ont déserté la Ville de Québec en huit ans, sur un effectif actuel de 7668, soit 16 % en huit ans.

En situation de plein emploi dans la région de Québec, les offres de travail intéressantes sont plus nombreuses, ce qui encourage plusieurs personnes à changer d'employeur.

«Fonctionnaire-bashing»

Mais le «fonctionnaire-bashing» pèse aussi dans la décision de plusieurs démissionnaires, croit Jean Gagnon, président du syndicat des cols blancs. «C'est un climat de travail exécrable et les gens sont tannés, résume M. Gagnon, en entrevue. De voir autant de gens démissionner parce qu'ils ne sont plus capables, je n'ai jamais vu ça.»

Employé depuis 39 ans à la Ville de Québec, Jean Gagnon a, avant de faire du syndicalisme à temps plein, oeuvré à la division des loisirs, comme responsable d'arénas et responsable du stade municipal, notamment.

«Je trouve ça triste ce qui se passe parce que je l'aime cette ville-là, confie Jean Gagnon. Notre motivation, ce n'est pas juste la paye. Les gens saignaient pour l'organisation. Aujourd'hui, ils ont moins le goût de saigner.»

L'attitude intransigeante de certains gestionnaires et les commentaires de plusieurs citoyens, qui se font l'écho du maire Régis Labeaume, dit Jean Gagnon, jouent sur la motivation.

Une étude interne de la firme Hewitt, obtenue par Radio-Canada en octobre, révélait d'ailleurs que seulement 43 % des employés de la Ville de Québec se disaient «mobilisés».

Les sondeurs estimaient que l'opinion des employés est «peu favorable» à l'entreprise et qu'il y a un manque flagrant de communication entre la haute direction et les employés. Les sondeurs jugeaient aussi que la Ville était «peu sensibilisée» à la réalité quotidienne des employés.

Pas d'inquiétude

Le vice-président aux ressources humaines, Richard Côté, ne se montre pas du tout inquiet de la croissance du nombre de démissions. «C'est un phénomène qui se vit partout, note-t-il. Dans la région de Québec, de plus en plus les gens se volent des employés. Il y a une compétition assez féroce.»

Les employés, surtout les plus jeunes, «magasinent» constamment un meilleur travail, même lorsqu'ils ont une permanence, note Richard Côté. «Ils veulent négocier leurs horaires, leurs vacances, détaille-t-il. Le privé a une souplesse de négocier qu'on n'a pas à cause des conventions collectives.»

Richard Côté affirme n'avoir jamais entendu dire que des gens démissionnaient parce que le climat de travail n'est pas bon à la Ville de Québec.

Et il n'est vraiment pas inquiet du pouvoir d'attraction et de la capacité de rétention de la Ville de Québec.

«La sécurité d'emploi et le fonds de pension sont encore de bons arguments, estime-t-il. Quand on ouvre un concours, des fois, on a 300 CV qui entrent! Et j'ai vu des gens appliquer comme cadres et venir chercher la moitié du salaire qu'ils faisaient.»


Source :
Le Soleil
Isabelle Mathieu

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