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Régimes de retraite - Labeaume prêt à ignorer le rapport D'Amours

  27 février 2013

Le maire de Québec, Régis Labeaume, menace de ne pas suivre les recommandations du rapport D’Amours si ses conclusions ne lui conviennent pas. « Il y en a qui parlent du rapport D’Amours comme s’il fallait se plier au rapport D’Amours. Non ! Si le rapport D’Amours est en deçà de nos demandes, on ne s’en occupe pas, ça c’est certain », a déclaré M. Labeaume mardi.

 

 

L’ancien président du Mouvement Desjardins Alban D’Amours doit soumettre au gouvernement des propositions pour régler le problème des déficits des régimes de retraite. Le rapport est attendu pour ce printemps.

Les solutions du maire Labeaume sont quant à elles bien connues : revoir le rapport de force entre villes et syndicats en donnant aux villes un droit de lockout, hausser l’âge de la retraite et forcer les syndicats à contribuer davantage au remboursement du déficit.

Après avoir échoué à convaincre les syndicats de négocier l’avenir des régimes en marge des négociations régulières, il opte désormais pour une nouvelle stratégie : le recours à l’opinion publique.

Mercredi soir, la population est invitée à assister à une présentation détaillée de la situation décriée par la Ville. Des publicités radio ont même été diffusées autour du slogan « Citoyens de Québec, agissons maintenant ! ».

L’argumentaire mesure notamment l’impact des régimes de retraite sur les comptes de taxe en soulignant que 51 % de la population active n’a pas accès à un régime de ce genre.

Selon ses opposants, le maire cherche ainsi à favoriser ses intérêts politiques sur le dos des employés de la Ville. « Pourquoi il n’attend pas le rapport si ce n’est pas pour se faire du capital politique ? demande le chef de Québec autrement, David Lemelin. C’est payant, c’est intéressant de parler des employés, de leur mettre tout sur le dos. »

La Ville demande aux employés de payer 12 % du déficit de leur régime de retraite. Leur contribution actuelle est nulle et la Ville pense ainsi récupérer 59 millions de dollars sur 15 ans. Pour limiter le risque de nouveaux déficits, elle réclame aussi que l’âge de la retraite passe de 60 à 65 ans et que le calcul de la rente, jugé trop généreux, s’ajuste à ce qu’offrent d’autres villes.

Le syndicat des cols blancs rétorque que ces avantages ont été obtenus en échange de concessions salariales dans le passé. « En 2013, on a à peu près le même [salaire] net qu’en 2008. C’est quoi ? Il veut nos shorts ? », lance le président Jean Gagnon.

Du côté des cols bleus, on reconnaît que les régimes de retraite sont « problématiques ». « On a des pistes de solution, on est proactifs », explique leur président, Marc-André Dufour. « Mais moi, c’est mes économies qui sont allées là-dedans. »

 


Source :
Le Devoir
Isabelle Porter