Avec le prolongement du confinement, les cols bleus et les cols blancs craignent que les villes procèdent à des mises à pied massives parmi leurs effectifs.
Nouvelles
La pédagogie Labeaume
02 mars 2013
(Québec) Régis Labeaume dit vrai. Le déficit des régimes de retraite des employés municipaux est un gros problème financier pour la Ville de Québec. Raison de plus pour qu'un travail sérieux et constructif s'engage avec les syndicats aux tables de négociation, plutôt que de recourir aux insultes et de piger 12 000 $ dans les fonds publics pour diffuser la version du maire.
M. Labeaume veut résoudre le casse-tête du déficit et alléger le fardeau des régimes de retraite. Les contribuables le souhaitent également. Ceux-ci n'avaient pas besoin mercredi soir de l'heure et demie de «vérité» sur MAtv et le site Web de la Ville pour comprendre que ce dossier représente un enjeu majeur. Il faudrait vivre sur une autre planète depuis des années pour ignorer que revoir les termes de ces régimes pour en assurer la pérennité est le défi de plusieurs villes, gouvernements et entreprises privées, ici comme ailleurs. Les syndicats le savent très bien aussi.
Or, l'approche de confrontation retenue jusqu'à maintenant par le maire éloigne d'un règlement rapide et acceptable à la fois pour la Ville et pour les cols bleus, cols blancs et autres employés de la capitale.
Ce n'est pas la population que M. Labeaume doit convaincre qu'il est nécessaire que les employés acceptent de payer une partie du déficit. Mais bien les représentants syndicaux à la table de négociation. Le contribuable de la rue Arago et celui de l'avenue Moncton peuvent partager l'avis de M. le maire et trouver que les employés municipaux sont choyés par rapport à d'autres salariés qui n'ont pas de fonds de pension chez leur employeur ni de REER. Mais cet appui ne donne pas la moindre signature au bas d'une entente entre la Ville et les syndicats.
Régis Labeaume aura beau accuser à répétition les syndicats de ne pas avoir de conscience sociale, les dénigrer et nourrir l'envie des uns et des autres, pendant ce temps, le déficit continue de croître et rien n'est fait pour le résorber. C'est élémentaire. Il est improductif que M. Labeaume s'acharne à croire et à laisser croire à une frange de la population qu'il peut imposer «sa» solution et que celle-ci est indéniablement et forcément la seule et la meilleure.
Les faux pas coûteux effectués par le maire en matière de relations de travail devraient l'inciter à la prudence. Cela ne veut pas dire de baisser les bras et d'accepter le statu quo. Mais bien de favoriser les échanges pour tendre vers un règlement plutôt que vers un stérile affrontement.
Des maires et des dirigeants d'entreprises ont réussi, non sans efforts et sans concessions, à trouver des aménagements pour alléger le fardeau des régimes de retraite. Québec et ses employés peuvent non seulement faire de même, mais ils le doivent. La capacité de payer des contribuables a ses limites et les taxes ne peuvent pas servir qu'à garantir une belle retraite aux employés municipaux.
Au printemps, un groupe de travail présidé par Alban D'Amours, l'ancien président du Mouvement Desjardins, suggérera des pistes de solution. Ces experts en actuariat, en fiscalité et en droit ont une expérience, des connaissances et des perspectives qui peuvent s'avérer fort utiles aux syndiqués et aux employeurs. Il ne s'agit pas de se plier au rapport de D'Amours comme le dit M. Labeaume, mais bien d'avoir la curiosité et l'humilité d'y jeter un oeil et de s'en inspirer.
En attendant, la Ville et les syndicats peuvent sûrement débroussailler leur cahier de demandes respectif, s'entendre sur l'ampleur du déficit, évaluer le coût et les effets d'une proposition par rapport à une autre et formuler des contre-propositions pour se rapprocher d'un règlement. Négocier quoi. Lorsque des ententes seront enfin signées, il vaudra la peine de convoquer la presse et les caméras pour annoncer la bonne nouvelle aux contribuables.
Source :
Le Soleil
Brigitte Breton