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Les lois du travail au coeur de la campagne de Labeaume
22 septembre 2013
(Québec) Régis Labeaume lance sa campagne à la mairie en demandant un mandat «fort» pour modifier les lois du travail et les conventions collectives à Québec - une tâche impossible sans l'approbation du gouvernement provincial. Le maire sortant y voit un enjeu «encore plus gros» que celui du financement de l'amphithéâtre.
«On s'attaque à un gros morceau», a convenu d'entrée de jeu le candidat. «On demande des changements très importants aux lois du travail.»
La croisade de Régis Labeaume pour modifier les conventions collectives et s'attaquer au déficit des régimes de retraite ne date pas de dimanche. Ses demandes - droit de lock-out, décret des conditions de travail après un an de négociation - ont déjà été rejetées par le Parti québécois.
Il revient néanmoins à la charge. En 2009, «ça n'a pas été l'enjeu d'une campagne», a soutenu Régis Labeaume. «C'est toute la différence du monde. À chaque fois qu'on a mis des enjeux sur la table pendant une campagne, on a réussi.»
Créer des remous
Le président d'Équipe Labeaume rappelle avoir décroché un financement public de 200 millions du provincial après avoir placé le nouvel amphithéâtre au coeur de la campagne électorale de 2009. «Si on a eu 200 millions $ pour bâtir un amphithéâtre, c'est parce qu'on a eu un mandat fort», plaide-t-il. Les modifications aux lois du travail seront son thème directeur de 2013, au même titre que l'amphithéâtre l'a été en 2009, promet Régis Labeaume. «Quant à nous, la campagne électorale, c'est sur les changements que nous proposons aux lois du travail et aux conventions collectives.»
Le prétendant à la mairie est conscient que sa campagne risque de créer des remous. «Nous allons proposer des changements très importants aux conventions collectives. Il peut y avoir une réaction des syndicats. On en est conscients. Mais on va tenter de trouver le ton.»
Régis Labeaume se défend de vouloir faire campagne sur le dos des syndicats. «Il n'est pas question de stigmatiser les employés de la Ville de Québec», dit-il. «Ce qui est important, c'est que les employés de la Ville de Québec ne se sentent pas visés par cette campagne-là.»
L'aspirant maire en quête d'un troisième mandat s'attend à une campagne «dure» sur ce thème. «On aurait été tout à fait crétins et hypocrites de ne pas mettre ça sur la table, avance Régis Labeaume. Il n'y a aucun dossier dans la ville qui est plus important que celui-là. Même s'il est difficile, c'est pas une raison pour ne pas le faire.»
Modifications détaillées
Le candidat Labeaume présentera prochainement les détails des modifications exigées aux lois du travail et aux conventions collectives. Les électeurs - et les syndicats - y découvriront un mélange de nouvelles et anciennes propositions.
Équipe Labeaume entend également mettre de la pression sur le gouvernement provincial pour ne pas tabletter le rapport D'Amours sur la réforme des régimes de retraite. À ce chapitre, la formation politique dit avoir un certain appui de l'Union des municipalités du Québec et de la Ville de Montréal.
Régis Labeaume a consacré l'essentiel de son discours de lancement au thème des relations de travail. Le candidat n'a procédé à aucune annonce ou promesse.
Le parti politique procédera dans les prochains jours à des annonces plus locales, un arrondissement à la fois, a-t-on appris.
De plus, le maire sortant n'a fait aucune allusion aux autres formations politiques et candidats dans la course électorale à Québec. Il a uniquement confirmé qu'un débat aura lieu «le temps venu» avec son adversaire et chef de Démocratie Québec, David Lemelin.
Le Ville demande, Québec refuse
La ministre du Travail, Agnès Maltais, et le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, n'ont pas voulu commenter les aspirations du maire Régis Labeaume qui fait de ses demandes de modifications aux lois du travail son thème principal de la présente campagne électorale. Les demandes du maire, qui touchent particulièrement les conventions collectives et les régimes de retraite, relèvent de ces deux ministères. Ces changements réclamés par M. Labeaume ont toujours eu fin de non-recevoir au gouvernement. Et même si le maire ajoute de la pression, les positions ministérielles sont les mêmes. «Ça ne change rien», a indiqué Mélanie Harvey, attachée de presse d'Agnès Maltais, spécifiant que la ministre ne souhaitait pas commenter. Au ministère des Affaires municipales, Yann Langlais-Plante, l'attaché de presse de Sylvain Gaudreault, a rappelé que son ministre ne commenterait aucune déclaration formulée par les candidats à la campagne électorale à travers la province.
M. Gaudreault avait par ailleurs refusé catégoriquement de donner le droit de lock-out aux municipalités, il y a un an presque jour pour jour. Avant lui, dès juin 2012, l'ex-ministre des Affaires municipales, le libéral Laurent Lessard, avait signifié au maire de Québec qu'il pouvait oublier le droit de lock-out.
Source :
Le Soleil
Samuel Auger
Avec David Rémillard