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La Ville de Québec s'entend avec ses cols blancs

  26 juin 2014

(Québec) Oubliez la grève des fonctionnaires municipaux le 3 juillet. À la surprise générale, la Ville de Québec et les cols blancs en sont venus à une entente de principe. «Merci, la vie est belle», a commenté sans détour le président du syndicat des fonctionnaires, Jean Gagnon.

Il s'agit de tout un changement de ton pour le bouillant chef syndical qui a multiplié les sorties virulentes au cours d'années de négociations ardues.

Mais le contexte est soudain différent depuis tard mardi soir, moment où l'administration Labeaume et le syndicat se sont entendus sur un contrat de travail de huit ans, de 2011 à 2018 pour ces employés sans convention collective depuis décembre 2010.

La nouvelle a été rendue publique par communiqué à 16h20 mercredi. Les 2300 fonctionnaires municipaux se prononceront sur l'entente en assemblée dans la semaine du 7 juillet.

«J'espère que nos membres seront une grande majorité à l'accepter. Et il y aura huit ans de paix sociale à Québec», a poursuivi Jean Gagnon au Soleil.

Il qualifie de «gagnant-gagnant» l'entente dont aucune des parties ne veut dévoiler de détails avant l'assemblée syndicale.

La nouvelle avait de quoi surprendre mercredi, puisque la semaine dernière, rien n'allait plus à la table de conciliation où le syndicat reprochait aux représentants de la Ville d'arriver «les mains vides». Jeudi dernier, ils annonçaient une grève générale illimitée à partir du 3 juillet.

Mais un blitz de discussions «franches» amorcé lundi a renversé la vapeur. «Les planètes se sont alignées», a illustré Jean Gagnon.

Et le chef syndical ne s'en cache pas : il était temps de régler. «Tout le monde était tanné du climat. À un moment donné, tu réalises qu'il faut que ça se règle.» Le tout, assure-t-il, se conclut «dans le meilleur intérêt des employés et de la population de Québec».

Régimes de retraite

Si rien n'a filtré mercredi sur le contenu de la future convention collective, on sait toutefois que l'entente de principe couvre l'ensemble des conditions de travail et le régime de retraite des employés. Elle ne fait par contre pas référence à l'épineuse question des déficits passés.

Ce point sera abordé dans le projet de loi no 3 déposé le 12 juin par le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau. Le projet de loi, qui sera étudié en commission parlementaire en août, prévoit une période d'un an de négociations pour arriver à un partage à 50-50 et six mois d'arbitrage en cas d'échec des discussions.

Ce point avait aussi été retiré des négociations avec les cols bleus, ce qui avait largement contribué à faire débloquer les discussions ayant mené à une entente avec ces 1100 employés le 8 mai.

La menace de grève n'a pas joué

Régis Labeaume a assuré mercredi que le spectre de la grève prévue par les cols blancs à partir du 3 juillet n'a pas influencé le climat à la table de négociation.

«On n'a pas négocié dans un environnement où on avait peur de la grève. Vous nous connaissez, on ne négocie pas de cette façon-là», a lancé M. Labeaume, heureux de la conclusion d'une entente de principe avec les cols blancs.

«J'ai fermé les livres à 23h hier [mardi]. On a fêté la Saint-Jean en travaillant là-dessus toute la journée. On est très contents», a commenté le maire de Québec en marge d'une réception dans les nouveaux locaux de la compagne Frima dans Saint-Roch en début de soirée mercredi.

«C'est une bonne nouvelle pour les employés et pour la population», a-t-il poursuivi.

Mercredi, le maire n'a pas caché que la signature avec les cols bleus, là encore après des années de négociations parfois houleuses, a pesé dans la balance.

«La signature des bleus a donné de l'espoir aux fonctionnaires. Je pense que ça a changé un climat et donné un élan», a-t-il dit.

Et comme pour les employés manuels, la convention avec les cols blancs tiendra même si jamais les négociations pour le partage des régimes de retraite prévu dans le projet de loi 3 du gouvernement Couillard devaient s'avérer difficiles.

«Le projet de loi tomberait que l'entente résisterait toujours», a lancé un Régis Labeaume particulièrement souriant. Fait rare lorsqu'il est question des cols blancs et de son président Jean Gagnon, avec qui le maire a souvent eu maille à partir par le passé.

En mai 2012, les deux hommes se sont même retrouvés au palais de justice alors que le maire a poursuivi le syndicaliste en diffamation pour des déclarations de 2011 portant sur le financement des caisses électorales. Le maire avait gagné sa cause et M. Gagnon et son syndicat ont dû verser 7500 $ en dommages moraux et punitifs. 


Source :
Le Soleil
Valérie Gaudreau

TVA Nouvelles Québec 18hre

 

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