Avec le prolongement du confinement, les cols bleus et les cols blancs craignent que les villes procèdent à des mises à pied massives parmi leurs effectifs.
Nouvelles
Les factures oubliées
16 juin 2015
Le maire avait promis un amphithéâtre de 400 millions $ taxes incluses. Un «contrat social» ferme dont allaient dépendre la confiance du public et sa crédibilité de politicien.
On aura perçu un seul vrai moment de doute causé par les sols contaminés. Il a fallu déplacer le projet à l'hippodrome, revoir le montage financier et remplacer le directeur de projet.
Autrement, une mer sans tempête. J'imagine qu'il convient aujourd'hui de dire : promesse tenue. Une gestion vigilante, une conjoncture favorable aux appels d'offres et quelques pirouettes administratives permettent de boucler le chantier pour 370 millions $. On a tant vu de projets déraper dans l'indifférence, l'ignorance ou l'incompétence des élus qu'il faut saluer la réussite de l'administration Labeaume.
Cela dit, l'amphithéâtre entraîne objectivement des coûts publics supérieurs aux 400 millions $ (370 millions $) annoncés. Des dépenses ont été écartées de la comptabilité, sans quoi le budget aurait été défoncé. En comité plénier cet après-midi, on nous expliquera que des travaux d'infrastructures autour de l'amphithéâtre étaient nécessaires de toute façon : boulevard Hamel, bretelle vers l'autoroute, viaduc rue Soumande, travaux à la Pointe-au-Lièvre, stationnements à Expo-Cité, etc. C'est sans doute vrai. Mais n'eût été l'amphithéâtre, plusieurs traîneraient encore dans les cartons de la Ville et du ministère des Transports (MTQ) parce qu'ils n'étaient pas prioritaires. Quelle part faudrait-il imputer au budget de l'amphithéâtre? Je ne saurais le dire avec précision.
Plusieurs autres «extras» à la facture de 370 millions $ sont cependant faciles à mesurer :
• les 10 millions $ annoncés lundi pour la place publique;
• la «réserve de performance» de 5 millions $ pour corriger au besoin des défauts;
• les 35 millions $ en retour de taxes ajoutés par le gouvernement en surplus de ses 200 millions $ du départ;
• les 8,7 millions $ et plus pour déménager le Ludoplex à Fleur de Lys;
• le réaménagement des stationnements à Expo-Cité;
• la démolition éventuelle du Colisée;
• l'aménagement éventuel de vestiaires, s'il n'y a pas d'équipe de la LNH;
• l'ajout de stationnements «protégés» supplémentaires, si la LNH débarque.
Sans parler des salaires d'employés municipaux et provinciaux affectés au projet. Faites le total comme vous le pouvez, ça arrivera nécessairement au-delà de 400 millions $.
Quelques factures ne pourront jamais être comptabilisées. Celle par exemple de l'occasion perdue pour le quartier Stadacona. Un amphithéâtre en façade du boulevard Hamel, comme il était d'abord prévu, aurait eu un meilleur impact urbain et aurait stimulé la revitalisation. Avoir su qu'on économiserait 30 millions $ sur le chantier, la Ville aurait pu garder l'amphithéâtre sur Hamel sans défoncer les 400 millions $. On aurait aussi sauvé la belle façade de l'hippodrome. Facile à dire après.
Le maire a tant promis que l'amphithéâtre ne dépasserait pas 400 millions $ qu'on avait oublié sa presque promesse du printemps 2014. L'amphithéâtre ne coûtera pas moins que les 400 millions $ annoncés, prévenait M. Labeaume. S'il devait y avoir des sommes non utilisées à la fin des travaux, elles seraient réinvesties dans «l'expérience client». Le maire n'avait pas précisé comment, mais pas question de retourner l'argent au trésor public, avait-il tranché.
Ou bien le maire a changé d'idée ou le gouvernement l'y a contraint. Des 30 millions $ de «surplus», seulement 10 millions $ reviendront à l'amphithéâtre (place publique). «Promesse» non tenue donc, mais dans l'état des finances publiques, personne ne s'en formalisera.