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Les syndicats transfèrent leur régime de retaite vers la Caisse de dépôt
22 juin 2016
Cet actif, qui s'élève à environ 2 milliards $, était auparavant géré par un comité composé de fonctionnaires de la Ville et de représentants syndicaux. La Caisse de dépôt, qui gère déjà le bas de laine des employés des Villes de Laval, Sherbrooke, Terrebonne et Magog, a ainsi ouvert la porte mardi à son plus gros déposant dans le secteur municipal. «On est très heureux de les accueillir. C'est une belle marque de confiance et de reconnaissance pour nous», soutient Maxime Chagnon, porte-parole de la CDPQ.
Dans la région de Québec, la CDPQ gère aussi les fonds des employés de l'Université Laval et d'une partie des employés de la commission scolaire de la Capitale.
En mêlée de presse, le maire de Québec, Régis Labeaume, a dit s'être entretenu avec le président et chef de la direction de la Caisse, Michael Sabia. «J'ai parlé à M. Sabia cette semaine, je lui ai dit qu'on lui envoyait 2 milliards $. J'ai dit qu'on voulait du bon rendement, il nous a promis tous les efforts. Je pense qu'on fait un bon coup. Ils sont très bien équipés», a-t-il commenté.
«On était dû pour changer et viser de plus gros rendements», a poursuivi M. Labeaume selon qui les syndicats ont aussi tout intérêt à percevoir de bons rendements depuis que la loi 15 oblige le partage à parts égales des déficits entre employés et employeurs. «Ils ont beaucoup plus d'intérêt maintenant pour le rendement car ils doivent payer 50 %», a-t-il dit.
Propos «indécents»
Jean Gagnon, président du Syndicat des cols blancs de la Ville de Québec, juge ces propos du maire «indécents». «Il faut être drôlement culotté pour s'approprier une démarche dont il était 100 % absent», soutient le syndicaliste. Selon lui, ce sont les syndicats qui ont tiré la sonnette d'alarme en ce qui a trait aux coûts élevés du régime. Un travail d'équipe de plusieurs mois s'est ensuite enclenché en collaboration avec la direction générale de la Ville.
Selon M. Gagnon, les employés municipaux sont eux-mêmes des contribuables et se sont intéressés depuis très longtemps au rendement des régimes de retraite. «Sauf qu'avant, je me faisais dire de me mêler de mes affaires!» lance-t-il, irrité.
La première solution envisagée par la Ville et les syndicats a été de créer un gros bureau de gestion des fonds à l'interne, avec une vingtaine d'employés, raconte M. Gagnon. Mais la structure aurait été lourde, et l'expertise, à développer. «Quand on a vu la proposition que la Caisse nous a faite, on ne pouvait avoir mieux», dit-il.
«La Caisse a eu un mauvais épisode en 2008, mais on sait qu'ils ont appris de leurs erreurs et ne referont pas ce genre de connerie-là», commente M. Gagnon, en parlant des pertes colossales enregistrées par la CDPQ il y a huit ans.
Alors qu'à l'heure actuelle, les frais de gestion des régimes de retraite des cadres, employés manuels, fonctionnaires, professionnels, pompiers et policiers sont de 0,29 %, ils pourraient maintenant descendre à 0,17 %, explique M. Gagnon.
Le représentant syndical évalue qu'entre les mains de la CDPQ, les rendements de ces régimes devraient augmenter, au minimum, de 1 %. Ce qui représente une économie de 22 millions $, tant pour les citoyens de Québec que pour les employés. «C'est une solution gagnant, gagnant», plaide-t-il.
Au 31 décembre 2015, les six régimes de retraite de la Ville de Québec comptaient plus de 9500 participants actifs, retraités et bénéficiaires.
Le chef de l'opposition à l'hôtel de ville, Paul Shoiry a aussi salué la décision mardi. «La Caisse de dépôt connaît des bons rendements depuis quelques années. Leur expertise est connue et je pense que financièrement, ça peut être une bonne chose. C'est probablement une très bonne décision», a dit l'élu de Démocratie Québec.