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Débardeurs au port de Québec: après la grève... le lock-out
13 octobre 2011
(Québec) Les débardeurs du port de Québec ne sont plus en grève : ils sont en lock-out. La Société des arrimeurs de Québec (SAQ) les a expulsés des quais, mercredi après-midi, et leur donne jusqu'à demain midi pour accepter sans condition l'offre finale et globale déjà soumise au vote. À défaut de quoi la négociation devra être reprise du début.
Les débardeurs étaient en grève depuis deux heures à peine, mercredi, quand ils ont appris, peu après midi, que l'employeur décrétait un lock-out illimité. Ce débrayage était le cinquième, toujours de courte durée, à survenir depuis le mois de septembre. Les syndiqués ont aussi procédé à un ralentissement de travail la fin de semaine dernière et en annonçaient un autre pour samedi.
Pour la SAQ - qui dénonce au surplus un acte de vandalisme, soit l'inondation d'un entrepôt de nickel -, c'en était trop.
Le directeur des ressources humaines et des services administratifs, Guy Lamontagne, a envoyé une lettre au représentant du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ), Éric-Jan Zubrzycki, pour lui signaler que «ces actes concertés causent des dommages importants aux employeurs que nous représentons et aux clients du port, en plus d'entacher la réputation d'excellence du Port de Québec, que ce soit en causant des retards importants à des navires ou en compromettant la réalisation de contrats potentiels».
La lettre détaille les revenus actuels des débardeurs, dont le salaire moyen est de 80 000 $ par année, et les augmentations salariales de 26 % sur cinq ans déjà consenties.
Le dirigeant conclut en demandant aux syndiqués de se prononcer à nouveau sur l'offre finale et globale présentée le 25 septembre. Autrement, «celle-ci deviendra caduque et ne sera plus valable», est-il spécifié.
L'offre en question, qui reflétait l'essentiel de la négociation, a été entérinée à 86 % par les débardeurs, à condition toutefois que l'employeur accepte d'y inclure cinq ultimes demandes laissées de côté. Depuis, c'est la guerre des nerfs.
Johanne Lapointe, porte-parole de la SAQ, a indiqué mercredi que les 110 cadres et employés de bureau des entreprises Arrimage Québec, Bunge du Canada et Logistec étaient prêts à faire le travail des syndiqués. Cela inclut l'amarrage des navires de croisière, nombreux à cette période de l'année.
Sur papier, ils sont 54 débardeurs réguliers et une centaine de surnuméraires, mais certains sont mécaniciens ou amarreurs, d'autres malades, alors «en bout de piste, ils sont 32 déployables» sur les quais.
Mme Lapointe a refusé d'évoquer l'arrivée de briseurs de grève, comme le permet le code fédéral du travail, mais spécifié que «s'il faut que ça se prolonge, on va vouloir réévaluer la situation».
Déception
Éric-Jan Zubrzycki, porte-parole syndical, n'a pas caché sa déception, mercredi: «L'employeur ne comprend pas qu'on ne peut imposer une paix industrielle.»
Le représentant du SCFP ne se surprend pas de voir l'employeur étaler les salaires des syndiqués sur la place publique. «Sauf que cette négociation-là ne porte pas sur les salaires. C'est une question de vie au travail et de qualité de vie», dit-il, soulignant les demandes en suspens pour des congés mobiles non rémunérés, des «accommodements raisonnables» pour les employés ayant des limitations physiques et le règlement des griefs et des libérations syndicales.
M. Zubrzycki a répété que les syndiqués ne laisseraient pas des scabs faire leur travail. Si des travailleurs de l'extérieur entrent au port de Québec, ils enverront à l'ambassade des États-Unis une lettre suggérant que les personnes se trouvant sur les quais actuellement n'ont pas toutes les autorisations nécessaires pour s'y trouver.
Les deux parties se retrouveront devant le conciliateur à 11h jeudi. Une assemblée syndicale suivra.
Source :
Le Soleil
Annie Morin
Photographie
Photo Le Soleil, Erick LabbÉ