Avec le prolongement du confinement, les cols bleus et les cols blancs craignent que les villes procèdent à des mises à pied massives parmi leurs effectifs.
Nouvelles
Régimes de retraite: les cols blancs en colère contre Labeaume
20 décembre 2011
(Québec) Le président du syndicat des cols blancs de la Ville de Québec a avalé son café de travers mardi matin. Il ne digère pas que le maire de Québec veuille «faire payer ses factures par les autres» dans le dossier du déficit des caisses de retraite
Le président du syndicat des cols blancs de la Ville de Québec, Jean Gagnon, ne digère pas que le maire de Québec veuille «faire payer ses factures par les autres» dans le dossier du déficit des caisses de retraite.
«Avant, dans l'ancienne Ville de Québec, ils ne les payaient pas les cotisations dans les régimes de retraite et ça a créé des déficits. Les gens se disaient : "C'est pas grave, on va toujours exister et il va y avoir un peu d'argent sur la carte de crédit. Mais on va payer un jour." Mais là, ils ne veulent plus payer. Essayez ça avec une banque, de remplir la carte de crédit et de leur dire à un moment donné, un coup qu'elle est ben pleine : "On va arrêter de payer. On va changer les règles." Ils doivent de l'argent, qu'ils le paient, c'est aussi simple que ça.»
Le président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de la Ville de Québec, Jean Gagnon, ne décolérait pas, mardi après-midi, à la suite de la sortie du maire Régis Labeaume, qui a dénoncé la situation «extrêmement malsaine» dans le dossier des caisses de retraite et annoncé une réflexion «sans tabous» pour 2012.
Pour Jean Gagnon, l'attitude de l'administration Labeaume est ni plus ni moins que de la «démagogie».
«Ils veulent avoir plus d'argent encore pour organiser des partys», dit-il, en référence entre autres aux spectacles du Cirque du Soleil et au Moulin à images. «D'ailleurs, ils ne se gênent pas pour en ajouter de l'argent pour organiser des partys. Pour les régimes de retraite, ils parlaient hier [lundi] de 10 millions $ par année. Je vais reprendre une de ses expressions : c'est même pas 1 % du budget de la Ville. Alors c'est quoi qui est si dramatique que ça et qui est si épouvantable?»
Le président du Syndicat admet que la conjoncture économique est défavorable. Mais il déplore que le discours de la Ville fasse toujours référence aux années où les rendements ont été négatifs. «Il [Régis Labeaume] va prendre l'année où ça va très mal et il va essayer d'aller voir le ministre avec ça pour aller se lamenter et pleurnicher.»
Rentes moyennes
Les retraites de ses membres n'ont rien de somptueux, plaide Jean Gagnon. La rente moyenne pour les fonctionnaires cols blancs est de 26 400 $ brut, dit-il. «Tu vas où avec 26 400 $ par année?»
«On ne cassera pas là-dessus. S'il y a des diminutions dans notre régime de retraite, par la négociation, ce sera gagnant-gagnant. Sinon, il n'y en aura pas. Et moi, je n'ai pas l'impression de voler personne.»
M. Gagnon n'est pas d'accord avec la méthode préconisée par l'administration Labeaume, soit de confier des services au privé. Selon lui, cela ne fera qu'accentuer les déficits, car moins de gens cotiseront aux régimes de retraite. De plus, dit-il, la Ville n'épargne pas un sou en recourant au privé et se retrouve avec «une job mal faite».
Les élus «la main dans le coffre-fort»
Les politiciens sont mal placés pour demander des compressions dans le régime de retraite des employés municipaux, selon Jean Gagnon, qui affirme que «les élus ont les deux mains dans le coffre-fort».
«Les élus, pour leur régime de retraite, paient 23 %, et la population paie 77 %. Leur déficit dans leur régime est probablement aussi élevé, sinon plus élevé que le nôtre par tête de pipe. Pis ce monde-là vient me faire une démonstration que je ne paie pas assez et que c'est épouvantable!» a ragé mardi le syndicaliste. Les fonctionnaires contribuent, eux, pour 45 %.
Jean Gagnon dénonce aussi les primes aux cadres de la Ville et les augmentations salariales de l'ordre de 10 % pour la directrice adjointe du cabinet du maire Régis Labeaume, Line-Sylvie Perron, et de 13 % pour le directeur du cabinet, Louis Côté. «C'est honteux, c'est écoeurant!» clame-t-il.
Le conseiller Richard Côté admet que les élus paient moins pour leur régime, mais soutient que cela ne se compare pas. Le régime des élus «n'est pas généreux». Son propre fonds de pension s'élève à 16 000 $ après 16 ans comme conseiller, illustre-t-il.
Source :
Le Soleil
Karine Gagnon
Avec la collaboration de Valérie Gaudreau
Photographie
Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve