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«Fonctionnaires incompétents»: Labeaume parlait au nom de la Ville, selon les cols blancs

  08 mars 2012

(Québec) Le maire Régis Labeaume n'est pas une «mascotte», et lorsqu'il qualifie les fonctionnaires d'«incompétents», il parle au nom de la Ville de Québec et pas en son nom personnel. Les cols blancs ne dérogent pas de cette position, qu'ils ont plaidée hier lors de la deuxième journée d'audition devant un arbitre portant sur un grief de 1,5 million$.

«Pour nous, Labeaume est un représentant de l'employeur, c'est lui qui signe les conventions collectives, c'est lui qui critique les négociations sur la place publique, c'est lui qui, par l'entremise du comité exécutif de la Ville de Québec, engage, congédie, suspend», a énuméré Jean Gagnon, président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Québec, en entrevue au Soleil à l'issue d'une matinée d'audition hier. «Comment il peut être président du comité exécutif qui prend toutes ces décisions et ne pas être un représentant de l'employeur? Ça n'aurait pas de sens», tranche M. Gagnon.

Penser ainsi, dit-il, serait considérer le maire Labeaume comme une «mascotte». «Nous, on ne pense pas que c'est une mascotte, on pense que c'est le représentant de l'employeur qui est tenu de faire attention à ce qu'il dit», a poursuivi M. Gagnon.

Cette position présentée à l'arbitre hier est la réplique des cols blancs à celle défendue par l'avocat de la Ville de Québec, André Lepage, lors de la première journée d'audition le 27 octobre.


À ce moment, Me Lepage avait plaidé devant l'arbitre Gilles Desnoyers que les propos sur les «fonctionnaires incompétents» tenus par le maire Labeaume à un journaliste du Soleil en novembre 2010 n'engageaient que lui-même. Suivant cette logique, Me Lepage avait soutenu que l'arbitre n'a pas la juridiction pour entendre cette cause et que le syndicat devrait plutôt intenter une poursuite en diffamation devant la Cour supérieure.

Ce scénario avait toutefois été rejeté dès le lendemain par le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Québec, qui disait ne pas souhaiter investir temps et argent dans un tel recours. «On reste devant l'arbitre. On pense que c'est le bon forum et on n'a pas l'intention de poursuivre le "citoyen Labeaume"», a réitéré M. Gagnon hier.

Pour étoffer leur position, les cols blancs ont déposé hier un cahier contenant des lois, des chartes, des conventions collectives. Autant de documents qui confirment que le maire Régis Labeaume est un représentant de la Ville de Québec. «On dit que ça ne se peut pas que le maire ne soit pas un représentant de l'employeur», martèle le chef syndical.

La Ville de Québec répliquera à cet argumentaire le 16 mars. L'arbitre décidera alors s'il écoutera ce grief, chiffrant des dommages de 1,5 million$.

Le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Québec souhaite obtenir réparation pour ses membres qui ont été éclaboussés par les propos du maire, qui les avait qualifiés d'«incompétents», à la suite d'une décision controversée sur la création d'une voie réservée sur Robert-Bourassa. «Ça contribue à propager des préjugés inacceptables, conclut M. Gagnon. On fait une bonne job et on ne se laissera pas traiter comme ça. On veut être traités dans le respect et la dignité.»


Source :
Le soleil
Par: Valérie Gaudreau