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Ville de Québec: plus de travaux, plus d'ingénieurs
30 septembre 2011
(Québec) Entre 2006 et 2011, le nombre d'ingénieurs civils à l'emploi de la Ville de Québec a doublé, tandis que le budget consacré aux travaux d'infrastructures était, lui, multiplié par trois.
Après la lecture du rapport de l'Unité anticollusion, qui fait ressortir la perte d'expertise du ministère des Transports du Québec (MTQ) et sa conséquente dépendance aux firmes de génie-conseil, Le Soleil a demandé à la Ville de Québec de lui fournir des statistiques sur son propre effectif en génie civil.
Le tableau confectionné par le service des ressources humaines révèle que le nombre d'ingénieurs est passé de 24 au 1er janvier 2006 à 43 au 1er janvier 2011. Cinq embauches se sont ajoutées depuis le début de l'année. La courbe est à peine moins prononcée du côté des techniciens en génie civil. Ils sont aujourd'hui 144 à travailler pour la Ville alors qu'ils étaient 83 en 2006.
Cela alors que l'administration Labeaume a l'objectif de diminuer la taille de la fonction publique en abolissant un poste vacant sur deux lors de départs volontaires. La règle n'est toutefois pas universelle : une évaluation est faite au cas par cas.
En parallèle, la municipalité a investi massivement dans les travaux de voirie, d'aqueduc et d'égout. En fait, les dépenses en cette matière ont pratiquement triplé, passant de 65,6 millions $ en 2006 à 200 millions $ en 2010. Pour l'année en cours, la facture devrait revenir au niveau de 2009, soit autour de 175 millions $.
À titre de comparaison, le nombre d'ingénieurs au MTQ a augmenté d'à peine 7,5 % en cinq ans, tandis que la valeur des travaux réalisés était multipliée par quatre pour atteindre 4 milliards $ par année. Une anomalie relevée par l'équipe d'enquêteurs de Jacques Duchesneau, lesquels déplorent que les fonctionnaires soient limités à la gestion de contrats octroyés au privé.
Grande part au privé
Plusieurs seraient d'ailleurs incapables d'évaluer l'état des infrastructures et le coût approximatif des travaux requis par manque de temps et d'expérience. Ces tâches sont donc de plus en plus confiées à des firmes externes. À l'échelle du Québec, 90 % des plans et devis ainsi que la surveillance des travaux aboutissent aussi dans leurs mains. Sur l'île de Montréal, cette proportion passe même à 100 %.
À Québec, le directeur du service de l'ingénierie, Daniel Lessard, convient que les ingénieurs sous sa responsabilité font essentiellement de la gestion de contrats et que la municipalité a recours aux bureaux de génie-conseil dans les mêmes proportions que le MTQ pour les plans et devis et la surveillance des travaux.
Il pointe toutefois deux différences qu'il juge importantes. La première, c'est que Québec n'a jamais cessé de faire l'évaluation de l'état de ses réseaux routiers et souterrains. Ce qui lui permet ensuite de dresser sa propre liste de priorités. Au MTQ, le privé est impliqué dès le début.
«C'est fondamental parce qu'on s'assure de garder l'expertise à l'intérieur de la Ville», insiste François Picard, vice-président du comité exécutif et ingénieur lui-même. Il assure d'ailleurs que «les élus n'entrent pas dans le processus».
L'autre différence, c'est la spécialisation des ingénieurs civils et leur présence continue sur le terrain. Avant les fusions municipales, le même fonctionnaire de Charlesbourg pouvait superviser dans une même semaine la construction d'un bassin de rétention, un projet d'aqueduc et des travaux d'asphaltage.
Maintenant, les ingénieurs de la Ville de Québec sont spécialisés dans un domaine, qu'il s'agisse des chaussées ou des réseaux souterrains.
Selon leur patron, ces «experts» sont plus susceptibles de faire de bonnes évaluations financières et techniques et de détecter des anomalies. «Il y a un gain d'efficacité dans l'organisation du travail», assure M. Lessard. Celui-ci se félicite également que les ingénieurs municipaux continuent de visiter les chantiers, qu'ils aient la possibilité d'y prendre des décisions sur le vif et qu'ils doivent approuver «100 % des dépassements de coûts».
En 2010, la Ville de Québec a payé 4,8 millions de dollars ou 2,4 % en «extras» pour environ 200 chantiers totalisant 200 millions $. Au MTQ, les dépassements de coûts représentent plutôt 3,2 % des 2 milliards $ de contrats octroyés.
Malgré les récentes embauches d'ingénieurs, Sylvie Dolbec, présidente de l'Alliance des professionnels de la Ville de Québec, affirme que «la charge de travail est toujours là», puisqu'il y a eu des investissements records dans les infrastructures. «Quand la Ville affiche un poste, c'est parce que le besoin est très réel», fait-elle remarquer, non sans rappeler l'objectif de remplacer seulement un poste sur deux quand un employé part.
Source :
Annie Morin
Le Soliel
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