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Régis Labeaume inquiet du dilemme mafieux

  01 octobre 2011

(Québec) Le maire de Québec, Régis Labeaume, comprend ses homologues municipaux aux prises malgré eux avec des soumissionnaires proches de la mafia lors d'appels d'offres et assure que la capitale n'est pas à l'abri du phénomène.

 

Le premier magistrat de Québec réagissait hier au témoignage de la mairesse de l'arrondissement montréalais Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau. La mairesse avait soutenu sur les ondes de Radio-Canada cette semaine qu'elle avait été contrainte de donner un contrat à un entrepreneur proche de la mafia parce qu'il avait été le plus bas soumissionnaire lors d'un appel d'offres.

Le maire de Québec dit avoir été impressionné par la sortie publique de la mairesse. «Je veux lui rendre hommage, à cette femme-là. Il faut souligner son courage. [...] Je veux lui dire qu'on pense à elle, et que c'est remarquable. On a besoin de gens de même dans une société», a tout d'abord souligné Régis Labeaume, hier matin, à l'hôtel de ville.

Pas à l'abri


«Nous autres, on est toujours inquiets, a poursuivi le maire. On n'est pas à l'abri de ça, à Québec. C'est un plus petit milieu à Québec. Normalement, on connaît plus nos entreprises, les propriétaires, les actionnaires. Mais si les mafieux décident de prendre de l'expansion à Québec, et qu'il faut vivre avec la règle du plus bas soumissionnaire, on est pris avec ça. C'est ça qu'elle disait. Elle, elle sait ce qui arrive, elle connaît la réputation de la compagnie et elle doit accepter de lui donner un contrat. C'est terrible comme sentiment. Je vous le dis, on n'est pas à l'abri de ça.»

Régis Labeaume dit néanmoins bien vivre avec la règle du plus bas soumissionnaire, tout en étant conscient des dérives potentielles de ce système d'appel d'offres public. «Le problème, c'est que la règle du plus bas soumissionnaire a été installée. Nous, on vit avec. Le plus bas soumissionnaire, ça veut dire que tu peux te ramasser avec de la scrap aussi en termes de travaux et que tu peux te ramasser avec de la scrap en termes d'entreprises et de dirigeants. Mais là, c'est là, et on vit avec. Mais elle, son cas est tellement manifeste.»

Le maire de la capitale ne voit pas de quelle manière il pourrait faire fi de cette règle dans l'octroi de contrats tout en se justifiant devant l'opinion publique. «S'il fallait qu'on prenne le deuxième soumissionnaire avec une bonne différence, là, vous nous tomberiez dessus. Comment j'explique qu'on pense que la première compagnie serait mafieuse? Comprenez-vous le dilemme? C'est pas mal ça. Comment dire qu'on a des craintes que cette entreprise-là est mafieuse et qu'on a pris le deuxième soumissionnaire? Ce n'est pas évident», a conclu Régis Labeaume.


Source :
Samuel Auger
Le Soleil
Photographie
Le Soleil, Steve Deschênes