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Conventions de travail décrétées par les maires: ouvrir la porte au «chaos social»
25 avril 2013
(Québec) Permettre aux maires de décréter les conventions de travail des syndiqués municipaux équivaut ni plus ni moins qu'à ouvrir la porte au «chaos social».
C'est l'opinion du président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Québec, Jean Gagnon.
«C'est-tu pour ça que tout le monde se pousse dans l'Équipe Labeaume? Parce qu'il décrète dans son parti?» La pointe est lancée par le syndicaliste en référence au départ annoncé de 10 conseillers du parti de Régis Labeaume. «Il est habitué de décréter dans son parti, mais il ne décrétera pas à la Ville. [...] Le poste de président de la terre est disponible. Il a juste à appliquer!»
M. Gagnon ne croit pas que le gouvernement accédera aux demandes du maire de Québec. Pour lui, cela créerait de graves problèmes. «N'importe quel maire dans la province qui aurait ce droit-là demain matin, voyez-vous le chaos social que ça pourrait créer?»
Jean Gagnon n'en démord pas : tout doit se négocier. «Ça a toujours fonctionné, sauf depuis que lui est là.»
Le constat sur la nécessité de négocier est partagé par la présidente de l'Alliance des professionnels, Sylvie Dolbec, qui s'est dite «estomaquée» par les demandes du maire. «On a toujours insisté sur les valeurs de respect, d'équité et de négociation», rappelle-t-elle. Mme Dolbec souligne que dès 2011, le syndicat qu'elle représente avait proposé de «sortir du cadre normal des négociations» et d'inviter les actuaires des deux parties à «proposer des pistes de solution. Parce que pour nous, la pérennité du régime de retraite est l'élément numéro un».
«Pas la même définition»
Chez les pompiers, on a l'impression que «le maire n'a pas la même définition de la négociation que nous». Pour Éric Gosselin, président du syndicat, Régis Labeaume ne fait qu'imposer ses vues. M. Gosselin est prêt à aller en commission parlementaire «pour prouver que la négociation est possible pour le groupe des pompiers à Québec».
Bernard Lerhe, de la Fraternité des policiers, estime quant à lui que le maire devrait faire son ménage dans sa propre cour. Avec le départ de 10 élus aux prochaines élections, il note qu'il est temps «de revoir les parachutes dorés et les généreux bonis qui sont donnés à l'entourage du maire. Parce que lors de la dernière élection, en 2009, ceux qui ont quitté se sont partagé un 1,2 million $».
Les cols bleus, qui doivent reprendre la semaine prochaine les négociations sur leur régime de retraite, ont choisi de réserver leurs commentaires tant que la rencontre avec la Ville n'aura pas eu lieu.
Le président des cols blancs sollicitera un nouveau mandat
Même si la bataille est ardue et que Jean Gagnon a fait face à des vents contraires plus souvent qu'à son tour au cours des dernières années, le président du Syndicat des cols blancs a l'intention de solliciter un nouveau mandat dans un an.
«J'ai été menacé. J'ai eu des commentaires désobligeants à cause des commentaires de Labeaume. On a affiché ma photo dans les restaurants avec des mentions désobligeantes sur la photo. Je me suis fait écoeurer à des places à cause du fait que je suis président du syndicat», énumère-t-il. Mais n'empêche qu'il n'a pas le goût d'abandonner et qu'il veut aller au bout de la négociation actuelle. «Je le sais, je l'ai difficile. Mais je suis capable de le faire. Et je vais y arriver. Mais ça va se négocier. Ça ne s'imposera pas.»
Source :
Le Soleil
Stéphanie Martin
Photothèque Le Soleil, Yan Doublet