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Syndicats prêts à défendre les retraites des fonctionnaires

  13 septembre 2011

L’idée de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) d’offrir aux nouveaux employés du gouvernement fédéral un régime où les prestations dépendent du rendement des placements effectués par la caisse de retraite, a rencontré un tollé chez les syndicats.

« Avant de sauter le pas et d’imposer un régime à cotisations déterminées, le gouvernement peut mettre en place toute une panoplie d’autres mesures pour assurer la viabilité du système. Il peut négocier certaines conditions avec ses employés par exemple réduire sa contribution à 50 %, reporter l’âge de la retraite ou encore diminuer l’indexation des prestations », explique Jean Charest, directeur de l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal.

« Les régimes de retraite à prestations déterminées sont très avantageux pour les employés. Plutôt que de tous les niveler par le bas, les parties prenantes devraient se mettre autour de la table pour négocier. Les employés comprennent les inquiétudes et le souci de viabilité du régime et sont généralement prêts à en discuter », considère Daniel Boyer, secrétaire générale de la FTQ.

« Si le gouvernement venait mettre à mal ce régime, nous serions prêts à riposter, explique Larry Rousseau, vice-président de l’Alliance de la fonction publique du Canada. L’ensemble des retraités du pays nous appuie, car en nous soutenant, ils protègent leur propre régime. Or ils représentent une grosse partie de la population. »

Pourtant, le système n’est plus viable, assure la FCEI. La caisse de retraite des employés de l’état enregistre un manque à gagner de près de 208 G$ pour rencontrer ses engagements futurs, calcule l’Institut C.D. Howe.

« En théorie, s’il le souhaitait, le gouvernement pourrait imposer à ses employés le régime qui lui chante, explique M. Charest. L’État peut très bien adopter une loi spéciale pour modifier son système, sans avoir à renégocier des conventions collectives ».

Les lois spéciales sont parties courantes. En juin dernier, le gouvernement a forcé les employés de Postes Canada à retourner travailler pour mettre un terme au conflit de travail qui durait depuis plus de deux semaines. Il a ainsi fixé les hausses salariales à 1,5 % par année d'ici janvier 2015.

Une mauvaise idée

Mais se départir de son régime de retraite ne servirait peut-être pas ses intérêts. Si une entreprise choisit de changer de régime, elle peut difficilement revenir en arrière par après, prévient M. Charest. Or, dans un contexte où la main d’œuvre se raréfie, une bonne pension de retraite représente un atout de taille pour se différencier des autres employeurs.

« Les travailleurs sont à la recherche d’un ‘package’. Ils ne veulent pas nécessairement empocher le meilleur salaire, mais bénéficier d’un ensemble d’avantages sociaux comme la possibilité de concilier le travail et la famille, ou encore un régime de retraite plus favorable. Or c’était l’apanage du gouvernement », conclut-il.


Source :
Caroline Pailliez
Argent